L'utilisation des sources de rayonnements ionisants n'est pas l'apanage du secteur électronucléaire. La médecine, la recherche scientifique, l'agro-alimentaire ou encore la chimie tirent aussi profit des avancées rendues possibles par la maîtrise de la radioactivité. Les rayonnements ionisants se sont banalisés et font partie intégrante de l'éventail technologique mis en œuvre par les entreprises. Ils trouvent des applications dans un nombre croissant de domaines. Des sources radioactives sont aujourd'hui couramment utilisées pour mesurer les niveaux de liquide dans les cuves, radiographier les matériaux, désinfecter et stériliser certains produits et équipements. Les matières radioactives et les rayonnements permettent également de conférer de nouvelles propriétés aux composés chimiques, par exemple dans l'industrie des plastiques.
Des risques avérés même à faibles doses
Les irradiations accidentelles ont des effets délétères. Leur gravité varie en fonction du type de rayonnement (α, β, γ, X ou neutronique), de son intensité et de la dose reçue. Les expositions les plus élevées entraînent inexorablement le décès de la victime. Bien que non perceptible, le danger est réel même à faibles doses. A long terme, toute irradiation peut en effet favoriser la survenue de cancers, parfois plusieurs dizaines d'années après l'exposition. L'impossibilité de définir un seuil de toxicité pour les radiations ionisantes doit donc inciter à la plus extrême vigilance. Eu égard aux risques pour la santé, l'utilisation des sources radioactives et des rayonnements doit être limitée aux seules situations qui la nécessitent. Les efforts de prévention des entreprises doivent concourir à maintenir les expositions au plus bas niveau possible.
Identifier les sources de radioactivité
La première étape de la démarche de prévention consiste à dresser l'inventaire exhaustif des sources radioactives présentes sur les lieux de travail. Elles peuvent être de 3 types. Les sources scellées et les générateurs électriques de rayonnements (générateurs de rayons X, accélérateurs d'électrons...) sont à l'origine d'irradiations externes. Les sources dites non scellées, manipulées le plus souvent sous formes liquide ou gazeuse, peuvent quant à elles entraîner, en plus du risque d'exposition externe, une contamination par contact, ingestion ou inhalation de particules radioactives. La radioactivité naturelle peut se manifester par des émanations de radon, notamment dans les régions granitiques comme la Bretagne, le Massif central ou les Alpes. Lorsque la concentration en radon dans les locaux est importante, une exposition interne par inhalation peut en résulter. Certaines matières premières (sables de zircon, engrais phosphatés...) peuvent également contenir des particules radioactives qui vont s'accumuler sur les lieux de stockage et de production et entraîner une exposition externe et interne.
Évaluer les risques et mettre en œuvre des solutions de prévention
L'évaluation des risques doit tenir compte des caractéristiques des radioéléments utilisés (activité, nature et énergie des rayonnements émis, forme et propriétés physico-chimiques...), du type de sources et des conditions d'exposition des salariés (durée et fréquence d'utilisation, nature des expositions...). Il s'agit ensuite de mettre en œuvre les solutions de prévention appropriées. La prévention doit idéalement intervenir dès la conception des lieux et des méthodes de travail : mise en place de processus industriels sûrs, confinement des matières radioactives, installation de dispositifs d'assainissement et de traitement de l'atmosphère des locaux de travail, mise en place d'écrans destinés à arrêter ou à atténuer les rayonnements, définition des protocoles d'intervention. L'organisation du travail doit être pensée pour limiter le nombre de salariés exposés et réduire les temps d'exposition. Il est obligatoire de délimiter et de signaler des zones autour des sources de rayonnements, et de restreindre l'accès à ces zones. Les personnels susceptibles d'intervenir dans les zones à risques devront avoir été informés et correctement formés aux mesures de sécurité à appliquer. Ils sont également classés en catégories définies réglementairement, A ou B, sur la base du niveau de leur exposition prévisionnelle. Les travailleurs exposés, qu'ils soient à contrat de travail à durée indéterminée ou à contrat de travail précaire (travailleurs temporaires, intérimaires), doivent faire l'objet d'un suivi dosimétrique individuel et bénéficier d'une surveillance médicale spécifique. La surveillance des rayonnements et des contaminations radioactives fait, elle aussi, partie des mesures à mettre en oeuvre. De même, les sources radioactives, les appareils de mesure et les systèmes d'alarme doivent être vérifiés périodiquement.
Des expertises à mobiliser
Toute entreprise manipulant des sources de rayonnements ionisants doit compter dans ses effectifs une personne compétente en radioprotection. C'est elle qui sera chargée de mettre en place et de coordonner avec le médecin du travail le dispositif de prevention. Les entreprises peuvent également s'appuyer sur les compétences et l'expertise de multiples acteurs. L'Autorité de sûreté nucléaire (ASN), l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), les CRAM sont autant de ressources mobilisables dans le cadre de la mise en place de la démarche de prévention.
En savoir plus :
Dossier web de l'INRS
Publication de l'INRS
Site de l'IRSN (Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire)
Site de la SFRP (Société Française de Radioprotection)
Source : Newsletter de l'INRS