Bienvenue sur Inforisque la première marketplace santé et sécurité au travail
bannière parechocs-sensibles de sécurité
bannière antivol d'extincteur

IBM se débat dans le stress

Classé dans la catégorie : Risques pour l'Homme au travail

Big Blue est le symbole de l'âge d'or de l'informatique. Aujourd'hui, l'entreprise se démène face au stress qui semble la gangréner depuis plusieurs années.

L'affaire IBM a fait les gros titres il y a encore peu. Cela fait six ans que les problèmes de stress dans les bureaux d'Ile-de-France de cette entreprise ont été médiatisés, sous l'impulsion de la médecine du travail.

La situation au sein d'IBM est très symptomatique du débat de fond qui se pose dans nombre de sociétés informatiques : d'où vient réellement la souffrance au travail ? Il est facile de jeter la pierre, surtout dans des groupes où les organisations et procédures se dupliquent au niveau mondial. Mais il n'empêche qu'on assiste à un dialogue de sourds entre syndicats qui sonnent l'alerte et direction qui tente de faire bonne figure.

En attendant, la base souffre avec 65 % des salariés d'IBM France qui se disent stressés, sans parler des cas de burn out et de maladies professionnelles. Comment expliquer la situation ? Jean-Michel Daire, délégué syndical CFDT IBM France, considère que « les sources et les racines du stress sont très en amont. C'est l'organisation même de l'entreprise qui est en cause. » Il pointe du doigt un « manque de structure hiérarchique clair » .

Une surface réduite au tiers

Il relate aussi une politique de gestion de l'espace étonnante qui pourrait sembler cocasse, si elle n'était pas source d'angoisse pour les salariés. « A Noisy-le-Grand, nous avons déménagé en passant de 33 000 m2 à 11 000 m2. On a été effaré ! Un même bureau avait été affecté à deux ou trois personnes ! Le résultat aujourd'hui est que les bureaux se sont vidés, les salariés travaillent de chez eux, même s'il n'y a pas d'accord spécifique sur le télétravail. »

Solitude, dislocation des équipes, perte de reconnaissance : le délégué syndical constate sur le terrain les facteurs et effets du stress. Pourtant, la direction d'IBM se déclare de son côté très sensible au problème et ne le nie pas. « Nous ne voulons pas entrer dans des polémiques et manipulations. Le stress est un sujet que nous voulons traiter avec beaucoup de sérieux, assure Didier Barbé, le vice-président communication et relations extérieures d'IBM. Il n'est pas propre à notre entreprise mais à la société, à l'environnement dans lequel nous sommes. Les exigences des clients sont de plus en plus dures, la pression de la concurrence plus forte. Nous avons pris conscience dès 2003 que le niveau d'anxiété en interne était lié à un contexte qui change à une vitesse inégalée et nous avons pris des mesures pour sensibiliser notre management à cet état de fait. »

Un programme national de prévention du stress

Depuis le début de l'année 2008, IBM a ainsi mis en place un programme national de prévention du stress. Tous les managers France - de l'ordre d'un millier - doivent obligatoirement suivre une journée de formation organisée avec les médecins du travail et le cabinet conseil Stimulus. Et chacun peut ensuite, s'il le souhaite, créer dans son entité un groupe de prévention du stress avec l'aide d'un cabinet extérieur.

Une action que très peu d'entreprises ont accepté de mener jusque là. Elle reste toutefois largement insuffisante, estime Jean Michel Daire : « Au mieux, ce type d'initiative sera curatif. On a beau éponger l'eau qui déborde d'une baignoire, tant que le robinet n'est pas fermé, le problème n'est pas résolu. »

Au sein d'IBM comme ailleurs, pour traiter le stress à la source, c'est sur l'organisation même de l'entreprise qu'il faudrait se pencher. L'Etat aussi doit réagir. En septembre dernier, un accord national sur le stress au travail, qui transposait un texte européen de 2004, a été ratifié par toutes les organisations syndicales et patronales hexagonales. Un vrai pas pour la sensibilisation au stress et pour sa prévention. Cependant pour vraiment stopper la souffrance au travail, il serait temps, notamment dans l'informatique, que les entreprises intègrent de nouveaux réflexes : être pionnier en termes de valeurs humaines est un choix aussi rentable qu'être pionnier sur son marché.

Auteur : Laure Deschamps, 01net.

Les derniers produits : Toutes les categories