Le nombre de TMS (douleurs aux poignets, lombalgies, tendinites du coude ou du genoux...), qui représentaient environ 75% des maladies professionnelles prises en charge en France en 2007, croît de 18% par année depuis plus de 10 ans.
Ces pathologies sont favorisées notamment par des gestes répétitifs, des cadences de production excessives ou une mauvaise ergonomie du poste de travail.
Aucun métier n'est épargné, mais certains secteurs sont plus particulièrement touchés comme l'agro-alimentaire (notamment la découpe de viandes), la grande distribution, le pressing, l'aide à domicile, le nettoyage ou le bâtiment.
Ces pathologies seront l'un des "piliers" du nouveau plan "santé au travail" (2010-2014) que le ministre du Travail Brice Hortefeux entend mettre en place avant la fin de l'année.
Après une première campagne en avril 2008, qui visait à "libérer la parole" des salariés, le ministère a lancé mercredi un deuxième volet d'information, de mai à mi-juin, en direction des chefs d'entreprises.
"Quand un salarié souffre, c'est toute l'entreprise qui est affaiblie", souligne la campagne, qui comme la précédente met en scène des salariés au travail, dont l'épaule ou le coude, équipé d'une bouche ouverte, crie de douleur.
Il s'agit d'inciter les entreprises à "passer à l'action et à la prévention" a expliqué à la presse Jean-Denis Combrexelle, directeur général du Travail, selon qui la solution "ne passe pas par une augmentation des sanctions, mais par une prise de conscience", car une entreprise qui a des TMS "n'est pas productive".
En 2007, les TMS indemnisés ont coûté 736 millions d'euros et 7,5 millions de journées de travail perdues, a expliqué Stéphane Seiller, directeur des risques professionnels à l'Assurance maladie. 70% des TMS conduisent à des arrêts-maladie de plus de 3 mois.
Par ailleurs, dans les entreprises de plus de 10 salariés, le coût des accidents du travail, des maladies professionnelles et des arrêts de travail recensés sont répercutés dans le taux des cotisations versées par l'entreprise à l'assurance-maladie.
L'assurance-maladie, qui lance une semaine de prévention des TMS du 11 au 16 mai, veut stabiliser la progression de ces maladies. Une meilleure implication des médecins du travail peut ainsi prévenir la "désinsertion professionnelle" et repérer en amont les personnes qui risquent de perdre leur emploi pour inaptitude.
La prévention ne passe pas forcément par des actions complexes, a souligné M. Combrexelle, évoquant l'exemple, dans l'agroalimentaire, d'un couteau qui, s'il coupe mal, peut provoquer des TMS.
Mais plus largement, les TMS ne viennent pas seulement de l'équipement, mais aussi de l'organisation du travail, a précisé Jean-Baptiste Obeniche, de l'Agence nationale pour l'amélioration des conditions de travail (ANACT).
Dans le bâtiment par exemple, où les maçons devaient retourner à la main les parpaings traditionnellement livrés à l'envers, un accord a finalement été trouvé avec les fabricants, qui grâce à un mécanisme de retournement, a permis un gain de productivité de 7,5% et un travail plus aisé, a expliqué Paul Duphil, de l'organisme professionnel de prévention du BTP.
Source : AFP