Dramatique. C'est en ces termes que les différentes associations de médecins du travail ont commenté le nombre de places offertes au concours d'internat en médecine du travail (lire les deux arrêtés ci-dessous). Pour l'année universitaire 2010-2011, 40 places sont ouvertes au titre de l'internat "classique" et 7 au titre de l'internat européen, autre voie à d'accès à la profession.
De nombreux départs en retraite
"Un internat, c'est quatre ans de spécialité, explique Lionel Sctrick, président de l'Association nationale de médecine du travail et d'ergonomie du personnel des hôpitaux (ANMTEPH). Or, 70 % des médecins du travail en activité ont plus de 55 ans. Cela signifie que, dans les prochaines années, le nombre des départs en retraite va être massif. Nous sommes clairement une spécialité en voie d'extinction", prédit-il. "Je suis archi pessimiste sur l'avenir de notre profession", confirme Dominique Huez, président de l'Association santé et médecine du travail (a-SMT qui regroupe 200 médecins).
Une spécialité pas assez valorisée
Mireille Chevalier, secrétaire générale du Syndicat national des professionnels de la santé au travail (SNPST, qui fédère 500 médecins environ) est aussi inquiète : "40 places, c'est totalement insuffisant ", même si reconnaît-elle, "tous les postes ouverts avant n'étaient pas pourvus. Aujourd'hui, il existe une vraie pénurie. Avec le numerus clausus, nous manquons de médecins spécialistes et les médecins libéraux ignorent ce qu'est réellement la médecine du travail " en dépit des passerelles qui existent.
Quelle place pour les médecins au sein des SST
Leur pire crainte porte sur l'exercice de leur métier, compte tenu notamment de la réforme en cours des services de santé au travail (SST). "Nous craignons une perte de qualité de notre métier et un suivi moins régulier des salariés ", indique Mireille Chevalier. "Le faible recrutement de médecins du travail va considérablement alourdir notre charge de travail, ajoute son confrère Dominique Huez, avec à terme le risque d'une diminution de l'offre de pratique médicale ". La tentation d'espacer de plus en plus les visites médicales en est une illustration pour Lionel Sctrick.
La réforme des SST qui se profile ne rassure pas Dominique Huez. "Le projet est clairement de remplacer une partie des médecins par des infirmiers. Nous sommes opposés à ce modèle substitutif ".
Autre crainte, émise celle-là par Mireille Chevalier : l'indépendance des médecins vis-à-vis des employeurs. Aujourd'hui, nous sommes maîtres du choix de nos priorités. Nous sommes opposés à ce que les employeurs puissent décider des missions que nous devons mener. Il y a un risque de conflit d'intérêt ".
Documents joints :
- Arrêté du 12 février 2010 (1/2)
- Arrêté du 12 février 2010 (2/2)
Auteur : Par Dominique Le Roux, actuEL-HSE