Plutôt que de vieillissement, le biologiste parle de sénescence pour décrire « l’ensemble des phénomènes naturels non morbides, propres au sujet âgé. Il s’agit essentiellement d’altérations régressives, d’intensité variable, touchant la plupart des tissus et des organes »1. Ce phénomène inéluctable est inégal d’un individu à l’autre car il est la résultante du patrimoine génétique et du parcours de vie.
Tout comme la sénescence a un effet sur les facultés motrices ou sensorielles, elle affecte les capacités mentales : on parle alors de « vieillissement cognitif ». Initialement, les études se limitaient à évaluer les performances à l’aide de scores d’intelligence générale, en comparant transversalement un groupe de personnes âgées à de jeunes adultes. Elles concluaient majoritairement à un déclin intellectuel sous l’effet des années. Avec la mise en évidence plus récente d’une pluralité de fonctions cognitives et la réalisation d’études longitudinales et séquentielles, les évaluations sont aujourd’hui plus complexes et nuancées. Certes, avec l’avancée en âge, l’ensemble des fonctions cérébrales supérieures connaît une dégradation, qu’il s’agisse de la perception, de l’attention, de la résolution de problèmes, de la mémoire ou du langage (qui demeure la capacité la mieux préservée)2. Cependant, il existe une forte hétérogénéité inter- et intradividuelle selon les capacités considérées et leurs sous-dimensions.
Une première distinction a été opérée entre l’intelligence fluide (fonctionnement opérationnel, adaptatif, intuitif, rapide) qui décline de manière importante et l’intelligence cristallisée (développement de raisonnements à partir de ses expériences et connaissances) qui semble préservée. La majorité des études démontre également une importante détérioration mnésique avec l’âge, mais de façon variable selon le type de mémoire étudié. Il semble que la mémoire à court terme et la mémoire épisodique (événements personnels) soient plus affectées que la mémoire sémantique (connaissances générales) et a fortiori que la mémoire implicite (représentations perceptives) et procédurale (capacités motrices automatiques)3. De la même façon, les déficits de l’attention sélective (choisir l’information pertinente) et de l’attention partagée (traiter deux choses simultanément), sont plus importants que ceux de l’attention soutenue4 (rester concentré longtemps).
Ainsi, plus la tâche est complexe, plus elle demande vitesse et flexibilité, plus la différence observée entre les groupes d’âge est importante, et ce dès la cinquantaine. Afin d’expliquer ce phénomène, deux hypothèses, mutuellement non exclusives, sont avancées ; celle du ralentissement cognitif dû à une diminution de la vitesse de traitement des informations et celle du déficit des processus attentionnels inhibiteurs qui engendre une sensibilité à l’interférence. Avec du temps et dans un environnement calme, la plupart des seniors en bonne santé peuvent alors rattraper voire égaler les performances des plus jeunes aux tests cognitifs basiques. Les atteintes cognitives sous l’effet des années ne sont donc pas immuables.
Voir la veille du Centre d'analyse stratégique dans son intégralité
MM's le :
Un bon tuyau côté prévention : Mots fléchés, mots mêlés, sudoku, une bonne partie de bridge ou de belotte entre amis, dans un club, en famille... Tout ce qui peut susciter la vivacité et la curiosité intellectuelle... Même si cela peut paraître plus facile à dire qu'à faire... Cà vaut le coup de tenter...