Comment est née l'idée de créer ses Club TMS ?
Evelyne Escriva : "L'historique de la prévention des TMS au sein du réseau des Aract est ancien et donc riche en retour d'expérience. Au début nous accompagnions les entreprises ponctuellement, mais nous nous sommes aperçus que les TMS nécessitaient un accompagnement sur le long terme. Sur le terrain, nous avons identifié un réel besoin de transfert et d'émulation entre entreprises, et la nécessité d'une discussion libre, hors de l'entreprise. Nous avons donc pensé à créer des lieux d'échanges de pratiques, afin de garder la problématique TMS vivante et constante dans la politique de prévention d'une entreprise. Le 1er club était celui de l'Aract Lorraine dans les années 2000.
Comment fonctionne ces clubs ?
Evelyne Escriva : Ce sont les Aract qui animent les séances car les réunions sont structurées avec un programme précis. Il peut y avoir plusieurs modalités pour les rencontres inter-entreprises : soit l'animateur fait un apport de connaissances que l'on discute. Soit un pair présente son action et propose une visite sur place dans son entreprise. La problématique strictement TMS est généralement élargie pour parler d'organisation du travail et les membres acceptés en séance sont alors plus larges que les seuls porteurs de projets (qui restent la plupart du temps des responsables HSE). A l'origine ces clubs sont intersectoriels et possèdent une taille critique (4-5 c'est trop peu, 10-12 est un maximum).
Quels sont les sujets traités lors des réunions ?
Evelyne Escriva : Lors des différentes séances on aborde les TMS sous des aspects très variés : comment traiter les données ? Quels indicateurs mettre en place pour détecter au plus tôt ? Etc. L'animation dépend de l'animateur et des besoins détectés sur le terrain. La discussion peut tourner autour des solutions comme la polyvalence, la rotation des postes et la fréquence de celle-ci ou encore comment gérer les cas d'inaptitude (sujets sur lesquels on peut donc aussi inviter les DRH).
La vie des clubs semblent cependant limitée dans le temps, pourquoi ?
Evelyne Escriva : on remarque globalement, que la vie des clubs est de 5-6 ans avec le fonctionnement d'origine, ensuite la question du renouvellement de l'action se pose et on remarque que celle-ci évolue. De manière très différente selon le tissu industriel et les priorités identifiées.Comment l'action se poursuit-elle ?
Evelyne Escriva : Les formes et modalités d'actions et de partages s'ajustent avec le temps. Par exemple en Bretagne, il existe aujourd'hui 3 clubs qui se sont développés avec d'autres partenaires comme les CCI ou des organisations patronales. Dans d'autres régions, certains ont tout simplement fermés, d'autres ont changé de thématique de prévention et sont passés des TMS aux seniors ou à des thématiques plus sectorielles (agroalimentaires notamment) quand le tissu industriel est homogène comme en Bretagne.
Ces clubs ont-ils fait leur preuve ?
Evelyne Escriva : Cette modalité d'action a fait ses preuves, sans conteste. D'une part car elle pousse à aller sur le terrain, dans les entreprise, et permet d'inscrire une animation territoriale concrète. Mais les ressources des Aract sont limitées et actuellement les demandes se tournent prioritairement sur les risques psychosociaux donc les actions TMS s'essoufflent sauf dans les régions les plus touchées. Cependant partout où les clubs se sont mis en place, on observe que la place des préventeurs a été consolidée, l'accompagnement et la reconnaissance d'autres entreprises entérinent les démarches de prévention et les nourrissent. Les évaluations qualitative sont donc bonnes. Quantitativement aussi, même si c'est plus difficile à évaluer, l'incidence des TMS baisse nettement.
Quels conseils génériques pouvez-vous donner pour lutter contre les TMS ?
Evelyne Escriva : Réussir à casser les cercles vicieux qui s'installent et sortir la tête du guidon pour revenir à la source des TMS et faire les liens avec les RH. Deux aspects doivent être travaillés simultanément : l'aspect rétrospectif, comprendre ce qui s'est passé pour ne pas reproduire et l'aspect prospectif, regarder la population de travailleurs et fixer des indicateurs pour anticiper.
Auteur : Par Sophie Hoguin , actuEL-HSE
Consulter le document de l'ANACT sur les TMS : " Prévenir les Troubles Musculo Squelettiques ".