1. Quand a lieu la campagne de vaccination ?
La campagne de vaccination contre la grippe en métropole a été lancée le 23 septembre 2010 et se prolongera jusqu’au 31 janvier 2011.
2. Peut-on prédire l’épidémiologie de la grippe ?
Il est impossible de savoir quel sera le virus prédominant cet hiver en France puisqu’actuellement, on observe, en majorité, du virus A(H3N2) au Chili, du virus A(H1N1) en Australie et du virus B en Afrique du Sud. Dans les régions où le virus A(H1N1)2009 a circulé, les épidémies ont été d’ampleur comparable aux épidémies de grippe saisonnière mais, bien que moins nombreuses, des atteintes respiratoires graves de grippe ont été aussi observés, essentiellement chez des sujets à risque renforçant l’importance pour ces populations de se faire vacciner. Si le virus A(H3N2) ou le virus B circule, d’autres formes de grippe compliquées sont attendues chez les personnes à risque (sujets âgés, personnes présentant des facteurs de risque, etc.), justifiant également leur vaccination. Cependant, la possibilité de survenue de formes graves chez des sujets sans facteur de risque identifié ne peut être écartée.
3. Le vaccin contre la grippe saisonnière est-il réellement efficace ?
La mortalité attribuée à la grippe a fortement diminué depuis la mise au point dans les années 70 d’un vaccin efficace (constamment amélioré au niveau de la composition vis-à-vis des souches virales) ainsi que par la mise en place des campagnes annuelles de vaccination gratuite, en particulier pour les personnes âgées.
Il est important de rappeler les points suivants :
- Que la stratégie vaccinale vise à protéger les personnes pour lesquelles la maladie représente un danger : l’objectif est avant tout de réduire le risque de décès et de complications en cas de grippe. En cas de vaccination, le risque d’être infecté par le virus de la grippe est diminué de 75 à 90 % si les souches vaccinales sont antigéniquement apparentées aux virus circulants. Par ailleurs, une grippe qui se manifeste chez une personne vaccinée sera moins intense qu’en l’absence de vaccination.
- Il faut compter une quinzaine de jours pour que l’immunité conférée par le vaccin ait le temps de s’établir et que les vaccinés soient protégés. Il est recommandé de se faire vacciner dès que le vaccin est prêt, pour éviter les oublis ou les pénuries, mais, tant que l’épidémie n’a pas commencé, on peut toujours pratiquer la vaccination.
- Le vaccin ne protège pas contre des syndromes pseudo grippaux dus à d’autres virus.
4. Le vaccin contre la grippe saisonnière est-il bien toléré ?
Les vaccins utilisés en France, comme dans les autres pays d’Europe, sont des vaccins injectables inactivés préparés à partir de virus cultivés sur œufs de poule embryonnés, fragmentés, inactivés, purifiés et concentrés.
Par ailleurs, les données de pharmacovigilance montrent que les vaccins contre la grippe sont bien tolérés, en dehors des réactions attendues transitoires (douleur au point d’injection par exemple).
Les données de sécurité tant sur la plan national qu’européen ne montrent pas de signal d’alerte particulier pouvant remettre en cause le profil de tolérance des vaccins monovalents pandémiques A(H1N1)2009, avec ou sans adjuvant.
5. Quelle est la composition du vaccin contre la grippe saisonnière 2010-2011 ?
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) édite chaque année une recommandation précise sur la composition des vaccins, en février pour l’hémisphère Nord et en septembre pour l’hémisphère Sud. La composition du vaccin contre la grippe est actualisée chaque année en fonction des souches qui ont circulé majoritairement durant l’hiver précédent et qui sont les plus susceptibles d’être présentes lors de l’hiver suivant. Il est donc logique que la souche A(H1N1)2009 ayant circulé durant l’hiver 2009-2010 soit prise en compte en vue de la composition des vaccins contre la grippe saisonnière 2010-2011.
Conformément aux recommandations émises par l’OMS, les vaccins contre la grippe sont trivalents et s’adressent toujours à deux souches de virus influenza A (H1N1 et H3N2) et une souche de virus influenza B.
Ainsi, les vaccins contre la grippe 2010-2011 s’adressent aux souches :
- A/California/7/2009 (H1N1) like virus : souche proche de la souche des vaccins pandémiques
- A/Perth/16/2009 (H3N2) : nouvelle souche par rapport aux vaccins de grippe saisonnière 2009-2010
- B/Brisbane/60/2008 : souche inchangée par rapport aux vaccins de grippe saisonnière 2009-2010
6. Les vaccins contre la grippe saisonnière contiennent-ils un adjuvant ?
Les vaccins contre la grippe saisonnière ont tous la même composition et ne contiennent pas d’adjuvant à l’exception d’un vaccin, GRIPGUARDÒ, destiné aux personnes de 65 ans et plus. L’adjuvant permet de mieux stimuler la réaction immunitaire.
7. Quelles sont les recommandations du Haut Conseil de la Santé Publique (HCSP) ?
Suite à la déclaration officielle de fin de pandémie par l’OMS, le Haut Conseil de la santé publique (HCSP) préconise, dans son avis du 24 septembre 2010, le retour aux recommandations habituelles de la grippe saisonnière pour la saison 2010-2011.
Personnes ciblées par les recommandations vaccinales
Personnes à risque de grippe grave
- Personnes âgées de 65 ans et plus.
- Enfants à partir de l’âge de 6 mois et adultes présentant des facteurs de risque pour la grippe saisonnière,y compris les femmes enceintes :
Affections bronchopulmonaires chroniques, dont celles liées aux malformations des voies aériennes supérieures ou inférieures, aux malformations pulmonaires et aux malformations de la cage thoracique, ainsi que asthme, dysplasie bronchopulmonaire et mucoviscidose.
Cardiopathies congénitales mal tolérées, insuffisances cardiaques graves et valvulopathies graves.
Néphropathies chroniques graves, syndromes néphrotiques purs et primitifs.
Drépanocytoses, homozygotes et doubles hétérozygotes S/C, thalassodrépanocytoses.
Diabète insulinodépendant ou non insulinodépendant ne pouvant être équilibré par le seul régime.
Dysfonctionnement du système immunitaire.
Personnes âgées de 6 mois et plus infectées par le VIH, quels que soient leur âge et leur statut immuno-virologique. - Personnes séjournant dans un établissement ou service de soins de suite ainsi que dans un établissement médico-social d’hébergement, quel que soit leur âge.
- Enfants et adolescents (de 6 mois à 18 ans) dont l’état de santé nécessite un traitement prolongé par l’acide acétylsalicylique.
- Entourage familial des nourrissons de moins de 6 mois présentant des facteurs de risque de grippe grave : prématurés, notamment ceux porteurs de séquelles à type de bronchodysplasie et enfants atteints de cardiopathie congénitale, de déficit immunitaire congénital, de pathologie pulmonaire*, neurologique ou neuromusculaire ou d’une affection longue durée.
Risques professionnels
- Professionnels de santé et tout professionnel en contact régulier et prolongé avec des personnes à risque de grippe grave. _• Personnel navigant des bateaux de croisière et des avions et personnel de l’industrie des voyages accompagnant les groupes de voyageurs (guides).
8. Pourquoi cette année la vaccination contre la grippe n’est-elle pas recommandée à toute la population ?
Il est nécessaire de rappeler qu’une proportion importante de la population a probablement eu la grippe A(H1N1) et donc qu’on ne se trouve plus face à une population naïve.
L’OMS a déclaré officiellement le 10 août dernier, la fin de la phase 6 d’alerte à la pandémie grippale à virus A(H1N1)2009. Cela ne signifie pas que le virus A(H1N1)2009 a complètement disparu et il est probable qu’il continuera à circuler.
Pendant la période pandémique, le virus A(H1N1)2009 avait supplanté les autres virus grippaux. Ce n’est plus le cas et de nombreux pays de l’hémisphère sud font état d’une circulation des trois virus grippaux, comme lors des épidémies saisonnières habituelles.
Les données épidémiologiques montrent que le virus A(H1N1) 2009 est resté stable sans acquisition de nouveaux facteurs de virulence. Ainsi, les données disponibles à ce jour ne permettent plus d’identifier des populations à risque autres que celles visées par les recommandations du calendrier vaccinal.
Ces différents éléments ont amené le HCSP à préconiser le retour aux recommandations habituelles de la grippe saisonnière. La vaccination est fortement recommandée aux personnes pour lesquelles la grippe saisonnière représente un risque : cf question 5. Chaque année, ces personnes à risque sont invitées par l’Assurance maladie à se faire vacciner gratuitement contre la grippe.
9. Les personnes vaccinées avec le vaccin monovalent pandémique sont-elles encore protégées ?
Les personnes ayant été vaccinées avec un des vaccins pandémiques ou avec un vaccin saisonnier, l’année dernière, et présentant un facteur de risque de complication de la grippe justifiant une vaccination annuelle, doivent être vaccinées avec un vaccin trivalent pour la saison 2010-2011. La vaccination contre la grippe saisonnière doit se faire tous les ans.
A noter que le Haut Conseil de la Santé Publique (HCSP) précise que la vaccination pour la campagne 2010-2011 n’est pas un rappel de la vaccination pandémique 2009. Par ailleurs, le HCSP souligne qu’il n’existe pas à ce jour de données sur la durée de protection conférée par la vaccination ou par l’infection à virus A(H1N1)2009, d’où la nécessité de vacciner à nouveau les sujets à risque en 2010.
10. Les médicaments homéopathiques sont-ils réellement efficaces ?
Pour la prévention de la grippe, le HCSP souligne que les médicaments homéopathiques ne peuvent se substituer aux vaccins contre la grippe, notamment pour les personnes appartenant aux groupes pour lesquels cette vaccination est recommandée (avis du CSHPF du 24 novembre 2006 [1]).
Ainsi, seuls les vaccins contre la grippe, qui ont prouvé leur efficacité dans la prévention de la grippe, sont recommandés dans le cadre de la vaccination annuelle contre la grippe des personnes ciblées par les recommandations du calendrier vaccinal 2010.
11. Quel est le processus de vaccination contre la grippe saisonnière cette année ?
Comme chaque année, l’Assurance Maladie prend en charge à 100 % le vaccin contre la grippe saisonnière pour les personnes figurant dans les recommandations du HCSP (cf tableau) et également les médecins généralistes, les infirmier(e)s et sages-femmes exerçant une activité libérale.
Les personnes ciblées par les recommandations vaccinales, reçoivent un courrier d’invitation accompagné d’un imprimé de prise en charge. Celles qui se sont déjà fait vacciner les années précédentes dans le cadre de la campagne peuvent retirer directement le vaccin en pharmacie, sans prescription médicale, sur présentation de l’imprimé de prise en charge. Elles pourront être vaccinées en allant directement chez un infirmier libéral, ou chez leur médecin traitant.
Certaines personnes ciblées (femmes enceintes et personnes atteintes de certaines affections longue durée) qui ont bénéficié de la prise en charge l’an dernier et qui ont reçu un bon devront consulter leur médecin traitant pour bénéficier d’une prescription médicale préalable à la vaccination (pas d’accès direct au pharmacien).
Les personnes qui bénéficient pour la première fois cette année de la prise en charge à 100% devront remettre l’imprimé de prise en charge à leur médecin traitant. S’il le juge nécessaire, il prescrira alors le vaccin. Il peut également prescrire l’injection par une infirmière. Elles devront ensuite présenter l’imprimé de prise en charge dûment complété à leur pharmacien, qui leur délivrera gratuitement le vaccin.
12. Que faire si une personne, pourtant ciblée par les recommandations vaccinales, n’a pas reçu l’imprimé de prise en charge de l’assurance maladie ?
- Si la personne a plus de 65 ans et n’a pas reçu son imprimé de prise en charge, elle doit s’adresser à sa caisse d’assurance maladie (accueil ou 3646)qui lui en délivrera un.
- Si la personne a moins de 65 ans et sollicite une prise en charge au titre de sa situation médicale, son médecin doit faire la prescription du vaccin anti grippal et expliquer sa demande. Elle sera à adresser sous enveloppe cachetée au service médical de l’assurance maladie qui l’étudiera et prendra contact, le cas échéant avec le médecin.En cas d’accord, un imprimé de prise en charge sera adressé à l’assuré.
[1] Avis du Conseil Supérieur d’hygiène publique de France relatif aux vaccins antigrippaux (séance du 24 novembre 2006).
Auteur : Ministère du travail, de l'emploi et de la santé
Sur le même sujet, lire l'article "Faut-il ou non se faire vacciner contre la grippe ?" par le Dr Dominique Dupagne sur le site ATOUTE.