Depuis plus de 30 ans, on reconnaît les chantiers d’étanchéité à leur système de protection périphérique par garde-corps en filet supporté par des potelets – un dispositif mis au point avec le concours de l’INRS dans les années 1980, précisément décrit dans les documents de référence de la profession (fiches mémo OPPBTP F1 M 03 89 et B1 M 04 94) et recommandé, entre autres, par la Chambre syndicale française de l’étanchéité (CSFEFFB). Rien d’étonnant, donc, à ce que professionnels de l’étanchéité aient fortement réagi lors de la parution du décret 2004-924 du 1er septembre 2004 du ministère du Travail, dont un article remettait en question cet usage enraciné, imposant l’utilisation de garde corps rigides comportant main courante et lisse intermédiaire.
Pour les étanchéistes, cette nouvelle disposition apparaissait à la fois mal adaptée aux conditions de réalisation des chantiers (accès et approvisionnement par les escaliers ou les ascenseurs) et moins sûre, car protégeant moins efficacement les intervenants en position accroupie et n’empêchant pas la chute de petit matériel ou l’envol d’isolant ou d’emballages. En mentionnant la possibilité d’utiliser « tout autre moyen assurant une sécurité équivalente », le décret avait aussi l’inconvénient d’introduire une marge d’interprétation, confirmée par la décision d’organismes de contrôle d’arrêter ou d’autoriser, à équipement égal, certains chantiers.
Ce flou se conjuguait à l’absence de protections adéquates sur le marché, ainsi qu’à certaines lacunes normatives – la norme européenne NF EN 13374, citée en référence dans la circulaire d’application du décret(1), n’intégrant pas, dans sa classe A(2), d’essais dynamiques. Ceci a conduit la CSFE-FFB, en mai 2006, à solliciter de l’Inspection du travail un délai lui permettant de « mettre en adéquation les moyens de protection temporaires en rive avec la nouvelle réglementation ». En parallèle, le syndicat constituait un groupe de travail réunissant utilisateurs, fabricants et organismes experts (OPPBTP, INRS) en vue d’établir le cahier des charges d’un dispositif répondant à l’ensemble des exigences, et de réaliser et tester un prototype. Au fil de la démarche, la réalisation d’une norme est apparue comme un aboutissement logique, d’autant plus justifié que le Syndicat français de l’échafaudage (FFB-Échafaudage) s’interrogeait lui aussi sur l’application de la norme NF EN 13374.
Au terme de tests réalisés sur un chantier témoin en 2008, ainsi que d’une campagne d’essais au CEBTP, soutenue par le programme recherche-développement métier (PRDM) de la FFB, l’avant-projet de norme a vu le jour sous l’intitulé NF P93-355 (Protection périphérique temporaire pour travaux d’étanchéité en toiture). Il a été transmis en mai 2010 à l’Afnor pour une publication, attendue au quatrième trimestre. Les règles étant clairement précisées, il ne restera plus à l’ensemble des acteurs qu’à les intégrer aux habitudes de travail.
Note : Le dispositif décrit par avant-projet de norme NF P93-355 associe une lisse haute rigide, métallique et tubulaire, à une protection intermédiaire en filet muni d’une ralingue sur son pourtour.
Les avantages de la lisse haute rigide et de la protection en filet
Alors que le système de garde-corps des protections périphériques se composait traditionnellement, soit d’un dispositif de lisse supérieure et de sous-lisse rigide, soit, cas le plus fréquent, d’un filet muni d’une ralingue périphérique, le dispositif décrit par la norme conjugue une lisse haute rigide, métallique et tubulaire (jouant le rôle de main courante) et une protection intermédiaire en filet muni d’une ralingue sur son pourtour. Les potelets devront permettre de positionner et de maintenir la main courante, et d’accrocher les ralingues haute et basse de la protection intermédiaire. La norme NF EN 1263-2 (filet de sécurité) ne couvrant pas l’utilisation de filet comme protection intermédiaire, celui-ci doit répondre à un ensemble d’exigences particulières (résistance, durabilité, traçabilité, etc.) détaillées par la norme. Celle-ci intègre enfin les essais des garde-corps, destinés à contrôler leur résistance, leur déformation et leur stabilité.
Auteur : article paru dans la revue BâtiMétiers
Pour en savoir plus CSFE-FFB (Chambre syndicale française de l’étanchéité), tél. : 01 56 62 13 20, www.etancheite.com
(1) DRT 2005/08 du 27 juin 2005.
(2) Des trois classes de la norme (A, B, C), seule la classe A concerne les étanchéistes.
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