"Les risques des appareils hydrauliques sont extrêmement méconnus !"

Quels sont les outils utilisant des hautes pressions hydrauliques ?

Christophe Bouvet : Presque tous les ateliers industriels, pour leur maintenance utilisent des machines à très haute pression hydraulique (c'est-à-dire dont la pression est comprise entre 700 et 1500 bars). Cette famille de produits couvrent de très nombreux équipements : vérins, pompes, clés de serrage pour des écrous de gros diamètre, casse écrous, écarteurs etc. Bref, des outils pour des équipements qui ne peuvent être manipulés directement par la force de l'homme.

Quels en sont les risques ?

C.B. : Les risques encourus sont extrêmement graves. Il y a malheureusement régulièrement des morts ou des blessures graves (membres sectionnés notamment) dues à ces machines. Cela peut être par écrasement, par projection de petits éléments, par projection d'huile etc.

Pourquoi pensez-vous que ces risques sont méconnus ?

C.B. : Contrairement à d'autres équipements comme les chariots élévateurs par exemple, il n'existe pas d'habilitation, de vérifications périodiques ou d'autres référentiels de manipulation en sécurité pour cette famille de machine au niveau réglementaire. Si bien que les entreprises oublient même d'inventorier ce risque dans leurs documents uniques. Nous avons relevé cet état de fait 9 fois sur 10 lors de nos visites à nos clients. En outre, nous voyons à longueur de journée de grosses bêtises dans l'utilisation du matériel - que ce soit pour sa maintenance ou son utilisation à proprement dite. Par ailleurs, ce sont des machines silencieuses et lentes(mais contenant des quantités d'énergie potentielle très élevées) si bien qu'il n'y a pas d'indicateurs extérieurs donnant l'alerte à l'opérateur sur le risque potentiel et comme ces équipements sont utilisés de manière très irrégulières, leur maintenance, leur stockage sont souvent négligés.

Vous proposez donc une sensibilisation à ces risques, quelle forme cela prend-il ?

C.B. : Quand nous avons pris conscience de ce manquement, nous avons décidé de monter des modules de sensibilisation aux risques. Selon la formule, cela peut durer de 2h à une journée complète. Nous avons pour cela conçu différents outils et créé des supports en 21 langues. La sensibilisation a débuté aux Etats-Unis et en Europe et nous commençons à la dérouler en France. Le contenu porte principalement sur les basiques. Il peut être plus poussé sur les équipements que possède l'entreprise en présentant les risques spécifiques à un type de machine par exemple. Nous en profitons aussi pour donner quelques conseils sur le rangement et la maintenance des différents outils en nous appuyant sur la méthode japonaise des 5S. C'est pourquoi nous avons baptisé cette opération 5S+1 (le +1 se réfère à la sécurité). Nous fournissons par exemple des affiches qui rappellent les points importants à vérifier, de petites notices à glisser dans la poche pour que les opérateurs aient les informations à portée de main etc.

Comment sont accueillies ces sensibilisations ?

C.B. : Extrêmement bien ! Huit fois sur dix, nous avons des demandes pour d'autres animations pour d'autres équipes ou pour aller plus loin. Et il y a toujours des découvertes de part et d'autre. Le message sur les risques passe très bien. D'autant que, même si nous essayons de ne pas trop donner dans le tragique, nous avons toujours quelques photos d'accidents qui sont suffisamment parlantes (voir pièce jointe - attention âmes sensibles s'abstenir).

Qui peut vous demander d'intervenir ?

C.B. : Toute les entreprises qui le désirent. Même si elles ne sont pas clientes chez nous, les entreprises peuvent nous demander de venir faire une sensibilisation auprès de leurs équipes.

Documents joints : Exemple de blessure (attention photos pouvant choquer).

Auteur : Par Sophie Hoguin, actuEL-HSE.

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