Au cours des 25 dernières années, le nombre de nouveaux cas de cancers a considérablement augmenté en France (+ 90 %). Depuis 2004, ils sont même devenus la première cause de décès chez l’homme (un décès sur trois) et la deuxième chez la femme. On estime pourtant que la prévention pourrait éviter 50 à 80 % des nouveaux cas de cancers.
Les données disponibles sur le risque de cancer professionnel spécifique au milieu agricole sont insuffisantes. Représentant entre 10 et 15 % de la population française (plus d’un million de personnes travaillant sur quelque 500 000 exploitations agricoles et autant de retraités), les agriculteurs connaissent des risques professionnels particuliers : chimiques (pesticides, engrais...), physiques (ultraviolets, accidents mécaniques...) et biologiques (virus animaux, moisissures...) pouvant nuire à la santé.
Une première étude de cohorte menée en 1995 sur le risque de cancer en milieu agricole avait démontré que les agriculteurs ont une plus longue espérance de vie que la population générale, et que le risque de cancer global était plus faible. Certains cancers (peau, rein, ganglions et prostate chez les hommes et ganglions et sein chez les femmes) étaient cependant plus fréquents, sans que l’on ait clairement identifié les facteurs en cause : accès au soin, mode de vie, risque professionnel...
La cohorte Agrican
Pour en savoir plus, une nouvelle étude de cohorte "Agrican" a été lancée en 2005. Elle va permettre d'opérer un suivi longitudinal de la population agricole en activité ou à la retraite de 12 départements français disposant d’un registre de cancers : Calvados, Côte-d’Or, Doubs, Gironde, Isère, Loire-Atlantique, Manche, Bas-Rhin, Haut-Rhin, Somme, Tarn et Vendée.
L’enquête a été proposée à la totalité des affiliés à la MSA résidant dans l’un de ces douze départements. Cette population (567 165 personnes) a reçu à partir de fin 2005 un questionnaire postal. Plus de 180 000 personnes ont répondu et sont incluses dans la cohorte.
Les premiers résultats
Les premiers résultats publiés montre à nouveau une plus grande espérance de vie que la population générale. Et ce quelle que soit la cause de décès : cancers, maladies circulatoires, maladies respiratoires...
En ce qui concerne les décès par cancer, l’analyse a montré une sous-mortalité nette ou modérée pour de nombreux cancers, notamment les cancers très liés au tabagisme (larynx, trachée, poumons, vessie...). Des tendances à des excès sont observées pour les mélanomes malins de la peau (augmentation de 1% chez les hommes et 6% chez les femmes), pour les cancers du sein chez les hommes (+ 123 %, mais ce cancer est très rare chez l’homme, 8 décès sont observés dans Agrican). Chez les femmes, des tendances à des excès sont aussi observées pour les cancers de l’œsophage (+ 8 %), de l’estomac (+ 5 %) et du sang (+ 2 %).
Les hommes utilisateurs de pesticides ont déclaré plus souvent une intoxication à un pesticide que les femmes utilisatrices, et ce quelle que soit l’activité agricole (8,7 % contre 5,1 %). Près de la moitié de ces intoxications (49,1 %) ont entraîné une consultation chez un professionnel de santé, voire une hospitalisation.
Une analyse des facteurs professionnels dès 2012
Ces premiers résultats ont été présentés le 16 septembre 2011 à Tours lors du Colloque de l'INMA sur le Cancer et Travail en agriculture. Ils seront mis à jour annuellement jusqu'en 2020. Dès 2012, AGRICAN devrait permettre d'obtenir les premiers résultats concernant le rôle des facteurs professionnels pour certains cancers en analysant les risques par secteur agricole.
Pour aller plus loin :
Auteur : ANACT.