"La pénibilité doit être abordée sous l'angle de la prévention"

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A l'occasion d'un colloque organisé hier par l'Ecole des Mines de Paris et Préventeo sur le thème de la pénibilité au travail, Catherine Milliet, médecin du travail de la société ST Microelectronics est revenue sur le rôle du médecin du travail sur ce thème.

En tant que médecin du travail, comment définissez-vous la pénibilité ?

Catherine Milliet : Selon la définition légale, la pénibilité au travail est caractérisée par une exposition à un ou plusieurs facteurs de risques professionnels susceptibles de laisser des traces durables, identifiables et irréversibles sur la santé. Ces facteurs de pénibilité sont définis dans le Code du travail (article D. 4121-5).

Sur le plan médical, il n'y a pas de définition à proprement parlé de la pénibilité. Elle s'inscrit dans l'ensemble des risques professionnels, répertoriés pour certains, dans des tableaux de maladies professionnelles. On peut dire que la pénibilité recouvre deux composantes : une composante objective, liée aux conditions de travail, et une composante subjective, impalpable et immesurable, rattachée au vécu du salarié.

Mais pour le médecin du travail, il s'agit d'aborder la pénibilité sous l'angle de la prévention.

Quels sont les enjeux relatifs à la pénibilité pour les médecins du travail ?

Catherine Milliet : L'enjeu principal réside dans le maintien dans l'emploi.

Faut-il déclarer un salarié inapte, le maintenir dans de meilleures conditions ou lui permettre de partir de manière anticipée ? Pour les médecins du travail, l'enjeu majeur est de savoir comment maintenir en poste les salariés vieillissants ou porteurs de maladies chroniques, sans amputer leurs capacités. Notre rôle est de savoir comment assurer le maintien de l'emploi dans des organisation du travail en constante mouvance.

L'enjeu, pour le médecin du travail, se place au niveau de la prévention de la pénibilité, grâce à la connaissance des contraintes et milieux de travail (horaires, aménagements…) et au partenariat étroit avec l'ensemble des acteurs de l'entreprise.

L'analyse et l'amélioration des organisations du travail est la principale clé pour parvenir à une bonne prévention.

Quelle est la place du médecin du travail sur le sujet ?

Catherine Milliet : Le médecin du travail, de par son rôle d'observateur, est un acteur privilégié dans l'entreprise. Et le fait qu'il puisse rencontrer l'ensemble des salariés dans l'entreprise, qu'il connaisse le milieu de l'entreprise est un point fort.

Le médecin du travail a avant tout une action préventive en matière de pénibilité : il identifie et analyse les situations à risques et leurs effets différés, conseille le chef d'entreprise sur l'organisation du travail, donne l'alerte, trace les expositions, participe à des enquêtes épidémiologiques, met en place des indicateurs etc.

De par son rôle de veille, de prévention et d'amélioration des conditions du travail, la pénibilité est au cœur même de son métier.

Quels sont les moyens mis à disposition des médecins du travail ?

Catherine Milliet : Pour jouer son rôle de préventeur, le médecin du travail dispose de plusieurs indicateurs : taux d'absentéisme, nombre d'accidents du travail/maladies professionnelles (AT/MP), fiches pénibilité (voir notre article ), nombre de déclaration d'inaptitude, de salariés handicapés, de mi-temps thérapeutique, recueil d'information à partir d'observatoire de la santé, dossier médical etc.

S'agissant de la récente réforme des services de santé au travail, malgré les craintes exprimées par certains médecins, cette réforme peut à l'inverse permettre aux médecins du travail de dégager du temps pour évaluer au plus près les conditions de travail, à condition qu'ils prennent la bonne tangente et réaffirment leur rôle parmi les acteurs de l'entreprise.

Auteur : Par Marianna Reyne, actuEL-HSE.

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