Lorsque les flux s’accélèrent, les risques sont décuplés. Depuis quelques années, le cycle des produits industriels a fortement évolué : Des produits nouveaux plus souvent, plus de produits différents fabriqués sur un même poste de travail, plus de composants à intégrer au poste, des lots de production qui diminuent, des produits personnalisés avec des options, une durée de vie raccourcie… Ces éléments ont un impact direct sur les risques liés aux postes de travail et l’ergonomie.
Prenons l'augmentation de la variété des produits, c’est-à-dire plus de produits finis différents au catalogue. Cela aura un impact direct sur les postes de travail avec l'augmentation du nombre de composants. Le risque ici est la dégradation de l’aménagement du poste de travail avec une augmentation du nombre de contenant au poste et un encombrement des zones de travail qui devient un frein à la mobilité des opérateurs avec des risques sécurité en plus.
Lorsque l’ergonomie est prise en compte en amont, cette contrainte peut devenir un progrès avec l'adaptation des contenants à la morphologie et à la consommation des composants.
Le cas des nouveaux produits est aussi une source de risque à ne pas négliger. Il est fréquent de rencontrer des nouveaux produits qui arrivent sur les postes et lignes de production sans que les services supports n’aient eu le temps d’étudier l’outillage adapté, de mettre à disposition le bon outil, l’embout de visseuse adéquat, la clef dynamométrique recommandée, voir même régulièrement l’absence de mode opératoire et documentation. Ce petit récapitulatif illustre bien la difficulté d’intégrer un minimum d’ergonomie dans les réflexions lorsque les délais sont serrés. D’où l’importance de mesurer, dès la conception du produit, l’impact de celui-ci sur les conditions de travail des collaborateurs qui créent la valeur ajoutée au sein des processus industriels.
La réduction des lots de fabrication et la production Lean qui tend vers le « one piece flow » engendre aussi des risques qu’il est intéressant de mettre en avant : Des permutations de produits plus souvent, c’est un temps d’accoutumance réduit.
Un changement fréquent de produit n’engendre pas systématiquement une activité variée pour l’opérateur. Par exemple, lorsque l’opérateur est soudeur, le changement de pièce lui fera toujours tenir sa torche de soudure. Cependant, la morphologie variée des pièces pourra éventuellement permettre l’alternance des positions de travail. Autre exemple dans les menuiseries industrielles, la multitude de couleurs proposée aux clients ne change pas l’activité physique de l’opérateur sur son poste d’assemblage. En revanche elle peut augmenter la charge cognitive de manière significative.
Un des risques majeurs, lié à la réduction des tailles de lots de production, concerne l’augmentation de la charge mentale des équipiers à chaque changement de référence. La contrepartie positive peut se traduire par la variété gestuelle et la mixité des postures.
Par conséquent, on peut dire que la liaison est étroite entre l’évolution de la demande des clients, l’accélération des flux industriels et les risques pour les collaborateurs sur les postes de travail.
Faut-il en déduire que nos comportements de consommateurs sont finalement une source de dégradations des conditions de travail dans nos industries ? Cette question mérite un débat…
L’enjeu pour demain est de réduire les risques pour les salariés en intégrant l’ergonomie dans l’ensemble du cycle de vie du produit, et ceci dès la gestion de la demande des clients.
Auteur : Xavier BLOUET, Directeur ELITE Organisation.
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