Le cancer du sein frappe chaque année quelque 53.000 femmes en France. Il constitue la première cause de mortalité par cancer chez les femmes. Il est donc crucial de mieux connaître les causes du déclenchement de cette maladie. Or, si certains facteurs de risque comme l'âge tardif de la première grossesse ou certains traitements hormonaux sont bien connus, les causes environnementales ou professionnelles du cancer du sein ne sont pas complètement identifiées.
Perturbation de l'horloge biologique
En la matière, l'impact du travail de nuit intéressait particulièrement les chercheurs car il était déjà établi que “le rythme circadien (contrôlant l’alternance veille-sommeil) régule en effet de très nombreuses fonctions biologiques et est altéré chez les personnes travaillant la nuit ou avec des horaires décalés”. Si bien qu'en 2010, le Centre International de Recherche contre le Cancer (CIRC) avait décidé de classer le travail entraînant des perturbations de l'horloge biologique comme “probablement cancérigène”.
Un risque augmenté de 30 %
L'étude menée par les chercheurs de l'Inserm sur le parcours professionnel de 3000 femmes dont 11 % avaient travaillé de nuit à un moment de leur carrière vient confirmer cette hypothèse. En effet, comme le souligne le communiqué publié par l'Inserm, “le risque de cancer du sein est augmenté d’environ 30 % chez les femmes ayant travaillé de nuit par rapport aux autres femmes. Cette augmentation du risque est particulièrement marquée chez les femmes ayant travaillé de nuit pendant plus de 4 ans, ou chez celles dont le rythme de travail était de moins de 3 nuits par semaine, impliquant des décalages de phase plus fréquents entre le rythme de jour et le rythme de nuit” Autre observation d'importance : “cette association entre travail de nuit et cancer du sein semble plus marquée lorsque l’on s’intéressait au travail de nuit effectué avant la première grossesse”. Un résultat qui pourrait être expliqué par “une plus grande vulnérabilité des cellules mammaires incomplètement différenciées chez la femme avant le premier accouchement”.
Le cancer du sein maladie professionnelle ?
Ces résultats viennent donc valider les hypothèses quant au caractère cancérigène du travail de nuit. D'autant que, presque simultanément, une équipe de chercheurs danois a observé des données similaires. Selon eux, “le risque de cancer du sein augmenterait de 40% pour les femmes travaillant la nuit. Le risque s'élèverait même à 50% lorsque le travail de nuit se répéterait au moins 3 fois par semaine pendant 6 ans”.
Bien entendu, ces résultats ne peuvent qu’être pris en compte en matière de prévention des risques professionnels. Comme le note l'InfoMail Eurogip du 11 juillet dernier, au Danemark, “depuis 2008, l'organisme d'assurance indemnise des femmes atteintes de cancer du sein à cause du travail de nuit et les autorités publiques envisagent d'ajouter le cancer du sein à la liste des maladies professionnelles”.
Pour aller plus loin : www.inserm.fr/espace-journalistes/le-travail-de-nuit-un-risque-pour-les-femmes.
Auteur : La rédaction de Point Org Sécurité