Elle favorise notamment la survenue des accidents du travail. Ces consommations, qu'elles soient occasionnelles ou répétées, doivent faire l'objet d'une démarche de prévention associant la mise en place de mesures collectives et la gestion des situations individuelles.
Selon l'Observatoire des drogues et de la toxicomanie (OFDT) et l'Institut national de prévention et d'éducation pour la santé (Inpes), 41 millions de personnes consomment chaque année de l'alcool en France et 3,8 millions du cannabis. Ces pratiques addictives, qui peuvent aller de l'usage occasionnel jusqu'à la dépendance, concernent l'ensemble de la société et n'épargnent pas le monde de l'entreprise. Elles y posent cependant des problèmes spécifiques. Travailler sous l'emprise de substances psychoactives peut être à l'origine de risques pour la santé et la sécurité des salariés. Les produits les plus consommés – alcool, médicaments et cannabis – peuvent altérer la vigilance et les réflexes, induire un état de somnolence ou encore modifier la perception des risques, avec comme conséquence principale une augmentation des risques d'accidents, notamment sur les postes nécessitant une attention particulière (utilisation de machine-outil, travail en hauteur, conduite de véhicule…). 10 à 20 % des accidents du travail seraient ainsi liés à des consommations d'alcool. Sous l'influence de l'alcool, même avec des alcoolémies inférieures à 0,5 g/l, le risque d'être responsable d'un accident mortel de la route est multiplié par 8,5. Dans le cas du cannabis, il est multiplié par 1,8. Les pratiques addictives peuvent en outre avoir d'autres effets négatifs au sein de l'entreprise : violence, harcèlement, absentéisme, erreurs, baisse de la productivité...
Existe-t-il un lien entre consommation et travail ?
Les consommations d'alcool et de drogues peuvent trouver leur origine dans des causes extérieures à l'entreprise. Toutefois, d'après le baromètre santé 2010 de l'Inpes, 36,2 % des fumeurs réguliers, 9,3 % des consommateurs d'alcool et 13,2 % des fumeurs de cannabis déclarent avoir augmenté leur consommation au cours des 12 derniers mois du fait de problèmes liés à leur travail, ou à leur situation professionnelle. Une expertise collective de l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) montre que des circonstances liées au travail peuvent favoriser la consommation d'alcool. Parmi celles-ci peuvent être citées : le stress, les exigences liées aux postes de sécurité, les habitudes de consommation dans l'entreprise, le travail en plein air et le port de charges lourdes.
L'inscription du risque lié aux pratiques addictives dans le document unique et sa prévention sont donc nécessaires dans les entreprises.
Prévention : du collectif à l'individuel
La réduction des risques liés aux pratiques addictives passe par l'élaboration d'une démarche de prévention collective associée à la prise en charge des cas individuels. Cette démarche concerne l'ensemble des travailleurs de l'entreprise.
Il est conseillé de mettre en place un comité de pilotage représentatif de l'ensemble du personnel. Piloté par l'employeur, ce groupe associe des représentants des salariés (CHSCT, délégués du personnel), des membres de l'encadrement, des ressources humaines et du service de santé au travail. Le comité de pilotage a pour mission de choisir les objectifs de la démarche et de définir sa mise en œuvre ainsi que son suivi. Pour accompagner les travaux du comité de pilotage, outre l'expertise des services de santé au travail, il est intéressant de faire appel à des ressources extérieures telles que Carsat, Anact (ou Aract), intervenants en prévention des risques professionnels (IPRP) externes, addictologues, associations spécialisées, consultants...
Les entreprises de petite taille peuvent se regrouper pour mener une réflexion et des actions communes et peuvent être aidées par la Carsat (Cramif, CGSS) dont elles dépendent.
Plusieurs actions de prévention sont conseillées, notamment l'information sur les risques pour la sécurité liées aux pratiques addictives, sur la réglementation en vigueur (code du travail...) et sur le règlement intérieur. Il est aussi avisé de prévoir une procédure à suivre face à un salarié ne pouvant assurer son travail en toute sécurité, de définir le rôle de l'encadrement, des représentants du personnel et du service de santé au travail dans ce domaine. Les actions de prévention peuvent également chercher à prévenir la consommation d'alcool sur le lieu de travail et à améliorer les conditions de travail. Dans le cadre d'une concertation entre les acteurs de l'entreprise, il peut être défini une liste des postes de sûreté et de sécurité pour lesquels des tests de dépistage peuvent éventuellement être pratiqués. Ces tests ne se substituent pas aux actions de prévention précédemment décrites.
Pour conclure, l'élaboration de cette démarche de prévention collective doit se faire dans un esprit de concertation, d'accompagnement et de soutien.
Pratiques addictives en milieu de travail : quels risques ? Quelle prévention ?
Pour aider les entreprises à prévenir les risques, l'INRS propose une nouvelle brochure « Pratiques addictives en milieu de travail : principes de prévention » (ED 6147). Ce document fait le point sur les pratiques addictives, présente les substances psychoactives et les risques professionnels liés à leur consommation. Il détaille également le contexte réglementaire ainsi que la stratégie à mettre en place dans les entreprises pour limiter les risques.
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Pour en savoir plus :
Publication : Pratiques addictives en milieu de travail Dossier : Consommateurs d'alcool et de drogues Audiovisuel : Alcool drogue et travail Site web : Drogue Info ServiceAuteur : INRS.