C'est pourquoi, régulièrement, nous allons donner la parole aux intervenants de Point Org Sécurité, de façon à ce qu'ils nous parlent de leur métier et de leurs observations. Ce mois-ci, nous donnons ainsi la parole à Yves Bovero qui, fort d'une longue expérience, connaît particulièrement bien les enjeux liés à la réalisation du document unique d'évaluation des risques.
Pouvez-vous d’abord vous présenter et nous dire depuis quand vous travaillez dans la prévention des risques ?
J’ai commencé à travailler dans ce domaine en 2004 en me spécialisant dans l’assistance à la réalisation du document unique d’évaluation des risques professionnels. Depuis cette date, j’ai épaulé des employeurs et des salariés à en réaliser plus d’un millier de ces documents. J'accompagne donc certaines entreprises depuis presque dix ans, avec la volonté de les aider à faire face à l’apparition de nouveaux risques ou de nouvelles obligations. Au fil des années, nous nous sommes ainsi investis ensemble dans la lutte contre le risque bruit, le risque chimique et désormais contre la pénibilité qui fait l’objet d’une nouvelle réglementation. Cet accompagnement et ce suivi sont un aspect crucial de notre métier car les entreprises sont plongées dans un environnement en mutation permanente. En effet, les risques évoluent, les réglementations se modifient et les entreprises changent parce qu’elles doivent faire face à des marchés moins stables qu’auparavant qui exigent une grande adaptabilité voire même une forme d’agilité. Au-delà du rendez-vous annuel de mise à jour du document unique, je reste donc en contact régulier avec mes clients qui souvent m’appellent pour solliciter des conseils au plan juridique ou technique. J’y vois le signe que, pour de nombreuses entreprises, la prévention des risques représente une préoccupation constante. Et aussi une preuve que le document unique est désormais envisagé non plus comme une contrainte administrative mais comme une occasion de progrès. J’observe d’ailleurs que la crise a moins d’impact qu’on aurait pu le croire sur l’engagement de la hiérarchie dans la sécurité. Certes, les budgets sont plus serrés. Mais, parallèlement, le ralentissement de l’activité est mis à profit par certaines entreprises pour prendre un peu de recul et engager des démarches d’amélioration de leur organisation ou de leur formation, notamment en matière de sécurité.
Certains experts estiment toutefois que l’engagement dans la prévention des risques est plus soutenu dans les grandes entreprises. L’avez-vous également constaté ?
Non, ce n’est pas ce que j’ai observé. J’interviens dans des organisations de toutes tailles et de tous les secteurs, de l’entreprise individuelle à l’entreprise du CAC 40, sans oublier le secteur public. Or, le plus souvent, je constate que la question de la sécurité et de la santé des salariés est envisagée avec le plus grand sérieux. Je suis intervenu dans des contextes extrêmement diversifiés, j’ai visité des entreprises de BTP, des mairies, des établissements publics, des laboratoires biologiques, des ateliers dans la sidérurgie, des sociétés d’assurance, des exploitations agricoles et viticoles, des entreprises de la filière agroalimentaire, la totalité de la chaîne de la filière bois depuis l’abattage des arbres jusqu’à l’ébénisterie et même des stations de ski et un sous-marin ! Or, à chaque fois, j’ai rencontré des dirigeants et des équipes animées par un réel désir de progrès. À mon sens, la différence entre les grandes entreprises et les plus modestes ne se situe pas dans le niveau de motivation mais dans les moyens disponibles. Les petites entreprises éprouvent parfois plus de difficulté à faire face à leurs obligations parce qu’elles ne disposent pas toujours en interne des compétences nécessaires et surtout parce que le temps leur est plus compté. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle, elles recourent davantage que les autres à nos services. Elles ont besoin d’être épaulées : quelque 80 % de mes clients sont des entreprises de moins de 50 salariés. Lire la suite de l'interview...
Yves BOVERO a 54 ans. Il est intervenant en prévention de Point Org Sécurité. Ancien élève de Sciences Po, il a rédigé un mémoire de droit Social sur le Bilan Social dans l’entreprise. Après plusieurs années dans la programmation technique du bâtiment, il a fondé une société d’aménagement et de construction dans laquelle il est encore actif. Il a ainsi été très tôt et très concrètement confronté aux problèmes de sécurité dans l’entreprise, notamment dans les TP.
Auteur : La rédaction de Point Org Sécurité