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Nanomatériaux : Anticiper et maîtriser les risques

Classé dans la catégorie : Général

Chimie, agroalimentaire, construction... De nombreux secteurs industriels tirent aujourd'hui parti des potentialités offertes par le développement des nanomatériaux. Mais leur mise en œuvre suscite de nombreuses interrogations en matière de santé au travail.

Quels sont les dangers pour les salariés qui fabriquent ou utilisent des nanomatériaux ? Quelles sont les voies d'exposition possibles ? Quelles protections mettre en place pour garantir des conditions de sécurité optimales pour les travailleurs concernés ? Depuis plusieurs années, l'INRS se mobilise pour apporter des réponses à ces questions cruciales. Malgré les progrès réalisés, le besoin de connaissances reste important.

En une quinzaine d'années, la technologie a plongé vers l'infiniment petit avec, à la clé, la possibilité de fabriquer des matériaux nanométriques, 50 000 fois plus petits que l'épaisseur d'un cheveu. Les nanomatériaux, incorporés dans certains produits, leurs confèrent des propriétés parfois inédites. La liste des applications novatrices ne cesse de s'allonger : bétons autonettoyants, peintures anti-rayures, pneumatiques inusables, vêtements antibactériens, batteries plus performantes... Pour autant, les promesses portées par l'utilisation croissante des nanomatériaux ne doivent pas masquer les risques potentiels qu'ils peuvent représenter pour la santé et la sécurité des salariés. Les nanomatériaux peuvent en effet pénétrer dans l'organisme, principalement par inhalation. Si la plupart se déposent au niveau des poumons, les particules les plus petites seraient capables de franchir les barrières biologiques pour atteindre le sang et la lymphe et migrer vers certains organes comme le foie, le coeur et le cerveau. Des zones d'ombre demeurent quant à la toxicité de ces agents chimiques. Elle varie selon leur composition chimique, leur taille, leur forme, leur solubilité... Des programmes de recherche sont actuellement en cours, notamment à l'INRS, pour étudier et caractériser les effets pulmonaires, génotoxiques, immunotoxiques et neurotoxiques des nanomatériaux. Mais la prudence s'impose. Sur des modèles animaux, on a pu mettre en évidence les effets nocifs de certains nanomatériaux très utilisés comme le dioxyde de titane ultra-fin ou en voie de développement comme les nanotubes de carbone : inflammation, fibrose, pathologies pulmonaires...

Recenser et caractériser les expositions

En France, plusieurs dizaines de milliers de salariés sont potentiellement exposés dans l'industrie et les laboratoires de recherche. Les expositions peuvent survenir tout au long du cycle de vie des produits contenant des nanomatériaux : production, transformation, usinage, utilisation, élimination, recyclage. Un défi est aujourd'hui de parvenir à recenser l'ensemble des populations concernées. Cela suppose d'identifier les nanomatériaux manipulés dans l'industrie et de connaître leurs usages. Une tâche complexe, d'autant que pour les entreprises utilisatrices, il est souvent difficile d'identifier les nanomatériaux qu'elles mettent en œuvre, les fiches de données de sécurité n'étant généralement pas complètes et adaptées. L'entrée en vigueur du système français de déclaration obligatoire devrait rapidement permettre d'obtenir une meilleure connaissance des volumes commercialisés mais aussi des filières et des métiers concernés. D'une manière générale, les données d'exposition mesurées aux postes de travail restent limitées. Sur ce champ, la recherche est également mobilisée : en lien avec des organismes français (CEA, INERIS) et dans le cadres de projets européens, l'INRS mène des travaux visant mettre à disposition des préventeurs des outils pour identifier et mieux caractériser les expositions. En parallèle, aux côtés de l'InVS, l'institut participe à la mise en place d'un dispositif de surveillance épidémiologique des travailleurs potentiellement exposés.

Optimiser les moyens de protection

Les connaissances sur les risques professionnels liés aux nanomatériaux sont encore parcellaires. Elles sont néanmoins suffisantes pour préconiser la mise en place de mesures adaptées au produit et au scénario d'exposition. Ces mesures visent à éviter ou limiter les expositions des salariés et sont analogues à celles recommandées pour tout produit chimique dangereux : substitution ou modification du procédé (travail en milieu liquide par exemple), délimitation et signalement des zones présentant un risque d'exposition, confinement des procédés, captage des polluants à la source, formation et information des salariés… En complément des mesures de protection collective, le port d'équipements de protection individuelle est également recommandé : appareil de protection respiratoire (APR), combinaison jetable, gants étanches, lunettes… Des travaux en laboratoire ont montré que ces solutions techniques de prévention, associées au respect des bonnes pratiques de travail, permettent de réduire l'exposition aux nanomatériaux de manière significative. Mais l'effort de recherche doit être poursuivi. Il s'agit à présent d'élaborer des méthodes harmonisées pour évaluer - et comparer- les performances des moyens de protection actuellement disponibles. Un autre objectif est aussi de tester l'évolution de ces performances dans différents scénarios d'utilisation en fonction par exemple, du type de nanomatériau utilisé, du procédé ou encore des activités des opérateurs...

Le nouveau pôle « Nano » de l'INRS

L'inauguration du pôle « Nano » de l'INRS a eu lieu le 4 octobre dernier sur le site de Vandoeuvre-les-Nancy. Ce pôle concentre en un même lieu un ensemble de moyens de recherche sur la prévention des risques liés aux nanomatériaux et apporte une réelle valeur ajoutée scientifique. Le nouveau bâtiment a été conçu et aménagé selon les recommandations de prévention émises par l'INRS (cf ED 6115) et dispose d'une superficie totale de 500 m2 de laboratoires. Il est séparé en 2 zones distinctes, la première réservée aux travaux de toxicologie expérimentale et la seconde, dédiée à la métrologie des aérosols et aux études sur l'efficacité des équipements de protection. Le pôle « Nano » abrite notamment des installations permettant la génération de nanomatériaux, des bancs d'essais développés par l'INRS ainsi qu'une salle propre de classe ISO5. Cet outil de recherche accueille l'équipe pluridisciplinaire (toxicologues, chimistes, physiciens …) mobilisée depuis 2003 par l'INRS sur la problématique « Nano ». Il sera aussi mis à profit pour mener des actions de sensibilisation, d'information et d'accompagnement destinées à tous les acteurs de la prévention des risques professionnels.

Auteur : INRS.

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