Déficit d’information et mauvaise présentation

Les raisons de ce bilan mitigé sont connues. Il y a d'abord un déficit d'information, de nombreux employeurs ignorant les obligations qui leur incombent en la matière. Après avoir sondé des entreprises, la juriste Mouna Elgamali a ainsi constaté que 55% n'avaient pas mis en place de fiches individuelles de suivi de la pénibilité. “La plupart pensaient, à tort, ne pas être concernées, alors que toutes le sont, sans condition d'effectif global ni d'effectif exposé” , confie-t-elle.

Il faut aussi évoquer la complexité de la démarche, plutôt décourageante pour des entreprises déjà confrontées à une masse très importante de normes de toutes natures et estimant à bon droit ne pas disposer en interne des compétences et du temps nécessaires pour faire face à ces nouvelles obligations. Si bien que de nombreux employeurs ont été amenés à considérer qu'il s'agissait d’un paquet supplémentaire de contraintes fort mal venu dans une conjoncture économique pour le moins difficile.

Mais comment leur reprocher alors que le dossier a été d'emblée lié à la question du départ anticipé à la retraite, ce qui faisait passer au second plan le véritable objet de la démarche, à savoir la prévention des risques ?

Au déficit d'information, s’est donc ajoutée une mauvaise présentation des enjeux masquant les bénéfices que les entreprises pouvaient retirer d'une telle démarche.

Lier prévention de la pénibilité et amélioration de la performance

Afin d'éviter cet écueil, et pour gagner en cohérence, nous avons, pour notre part, pris le parti d'intégrer le bilan pénibilité individualisé dans la démarche globale de prévention engagée lors de la réalisation du document unique d'évaluation des risques.

De la sorte, il n'y a plus d'équivoque possible : loin de représenter une simple obligation légale, le bilan pénibilité participe d'une démarche naturelle de progrès global. Il permet de traquer les dysfonctionnements, de réduire l’absentéisme, le turnover et de renforcer la motivation des collaborateurs de l’entreprise. De contrainte subie, il devient ainsi opportunité à saisir !

Auteur : La rédaction de Point Org Sécurité