Troubles du sommeil et de l’humeur, affections cardiaques et digestives, mais aussi cancers et bien sûr accidents de la route… Tels sont les risques auxquels sont particulièrement exposées les personnes qui travaillent de nuit ou selon des horaires décalés ou atypiques.
Un salarié français sur cinq concerné
Or, ces rythmes de travail ne sont pas marginaux. Comme le rappelle le Journal de l’Environnement (22/01/09), “près d’un salarié sur cinq en France, soit près de cinq millions de personnes, a un emploi de nuit ou par équipe en alternance”. Ce mode d’organisation du travail s’est même répandu en raison de l’exigence croissante de flexibilité. “Ces rythmes sont courants dans de très nombreux secteurs, comme l’hôpital, l’industrie, le nettoyage ou les hypermarchés. Et force est de constater que ces situations se sont accrues ces dernières années, parallèlement à la diminution de la durée annuelle du temps de travail”, souligne la Mutualité française (www.mutualite.fr).
Troubles du sommeil et accidents du travail
Les troubles du sommeil sont bien sûr la première conséquence en termes de santé. Selon les experts participant au colloque “Sommeil et Travail”, ils concerneraient environ 50 % des salariés soumis à ce type d’horaires contre 38 % des travailleurs de jour. De 25 à 30 % d’entre eux souffriraient même d’insomnie contre 15 à 20 % des autres salariés. À court terme, ces troubles du sommeil entraînent une somnolence qui décuple les risques d’accident du travail, à commencer par le risque routier. “Les experts rappellent d’ailleurs que plusieurs catastrophes célèbres ont été attribuées notamment au manque de sommeil des opérateurs, comme le naufrage de l'Exxon Valdez, la navette Challenger, Tchernobyl et Bhopal”, rapporte le Journal de l’Environnement.
Des effets délétères à long terme
Mais les effets se manifestent aussi à long terme avec un risque accru de troubles digestifs, de maladies cardio-vasculaires et même de cancers. Le Centre international de recherche sur le cancer (Circ) estime que le travail de nuit est “probablement cancérogène pour l’homme”.
Par ailleurs, les salariés masculins soumis à des horaires atypiques seraient même quatre fois plus touchés que les autres par le surpoids et l’obésité, tandis que les femmes sont davantage sujettes aux fausses couches et aux accouchements prématurés. Le travail de nuit représente donc un véritable enjeu de santé professionnelle.
Des solutions pour limiter les risques
Sans pour autant bouleverser de fond en comble l’organisation du travail, les employeurs peuvent prendre des mesures pour limiter ces risques. Pour le professeur Damien Léger, responsable du Centre du sommeil de l’Hôtel-Dieu de Paris, la première consisterait à “éviter un changement de poste entre 2 h et 5 h du matin, la période de sommeil optimale, afin de limiter les impacts à une seule équipe, et l’effectuer plutôt vers 6 h 30 pour tenir également compte du temps de transport”.
Les spécialistes suggèrent aussi de renforcer la surveillance médicale des travailleurs de nuit, comme le prévoit d’ailleurs le Code du travail (articles R 3122-18 à 22) et d’informer davantage les salariés sur les risques qu’ils encourent. Ces deux dernières mesures visent à effectuer un “filtrage” des personnes les plus exposées. En effet, nous ne sommes pas égaux face au travail de nuit. Même s’il n’est jamais sans effet sur la santé à long terme, certaines personnes s’y adaptent mieux que d’autres. C’est notamment le cas des jeunes, des personnes ‘du soir’, de celles qui ont moins besoin de sommeil ou qui ont une horloge biologique plus stable.
Source : altersécurité infos de Point Org Sécurité
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