Pour contrer le fléau des troubles musculo-squelettiques (TMS), la Commission de la santé et de la sécurité du Québec (CSST) a expérimenté, vers les années 2004-2005, une nouvelle approche en prévention. Selon cette approche, des entreprises sont ciblées sur la base des TMS compensés. Un inspecteur se présente en entreprise et, à l’aide de l’outil QEC, évalue les facteurs de risque sur le ou les postes pour lesquels des réclamations ont été acceptées. Dans le cas où il y a présence de risque, l’inspecteur somme l’entreprise de corriger la situation. L’entreprise est libre d’utiliser l’intervenant de son choix et l’approche d’intervention qu’elle souhaite. Plusieurs inspecteurs ont été formés à cette approche et de nombreuses interventions de prévention ont été initiées en entreprise. Le suivi de ces interventions représentait une opportunité inespérée pour enrichir nos connaissances sur l’intervention ergonomique. En 2005, à la demande de la CSST, un cadre conceptuel et un projet d’envergure ont été développés afin de faire le suivi d’un vaste échantillon d’interventions initiées par les inspecteurs.
Pour plusieurs raisons, il a été décidé de procéder d’abord à une étude préliminaire de plus faible envergure. Les objectifs de cette première étude étaient doubles : évaluer la faisabilité d’une étude d’envergure et donner un premier regard sur le processus des interventions initiées par les inspecteurs et sur leurs impacts. Selon le cadre conceptuel développé, il fallait pour atteindre les objectifs caractériser les facteurs qui influencent l’intervention et ses impacts, à savoir, l’intervenant et le contexte de l’entreprise.
Le projet a été réalisé en collaboration avec six inspecteurs et un suivi a été effectué sur huit situations de travail réparties dans sept entreprises. Deux grands types de données ont été recueillis. Premièrement, des mesures avant et après l’implantation de correctifs sur les facteurs de risque présents aux postes de travail ciblés ont été réalisées à l’aide de dix méthodes reconnues et selon la perception d’un expert en ergonomie.
Deuxièmement, des études de cas pour décrire l’intervention et ses résultats ont été réalisées. Un ou deux ergonomes visitaient l’entreprise après l’implantation des transformations et interrogeaient un ou deux travailleurs impliqués, un représentant patronal et syndical de même que la personne en charge de l’intervention. Les inspecteurs impliqués étaient aussi interrogés par téléphone. Les entretiens permettaient de décrire : le contexte de l’entreprise (caractéristiques de l’entreprise et de sa population, culture et organisation de la SST); l’intervenant en charge de l’implantation des correctifs; le processus d’intervention; la situation de travail analysée et ses principales difficultés; les transformations implantées et les résultats obtenus. Les résultats étaient décrits quant aux impacts sur la situation de travail mais également quant aux impacts plus généraux sur l’entreprise et les représentations des acteurs. De plus les difficultés rencontrées lors de la réalisation du projet ont été documentées pour évaluer la faisabilité d’un projet d’envergure.
Sur les huit cas, il y en a eu six où il y a eu implantation de correctifs durant la durée du projet. Une entreprise a décidé de revoir tous ses postes et n’avait pas encore implanté de transformations à la fin du projet alors que le contact a été perdu entre l’équipe projet et une autre entreprise. Les résultats portent donc sur six cas.
Pour télécharger le document : http://www.irsst.qc.ca/files/documents/PubIRSST/R-610.pdf