Elle visait à mieux comprendre et décrire l’activité qu’ils déploient réellement et à identifier les déterminants du travail (chariot, charge, formation, aménagement, organisation) pouvant affecter leur sécurité et leur efficacité.
Les résultats montrent que le métier de cariste ne consiste pas seulement à conduire un véhicule, mais à mettre à profit des savoir-faire qui assurent la fluidité des mouvements et aident à gérer avec efficience le transport de la marchandise et la sécurité. Le guidage et contrôle de la charge, la recherche de matériel et le travail de précision sont exigeants du point de vue de l’attention visuelle et sollicitent une prise d’information à la fois visuelle, auditive et proprioceptive pour prévenir les risques de collision et de renversement.
Les chariots élévateurs figurent parmi les équipements qui ont contribué à réduire considérablement la pénibilité des tâches de manutention. Cependant, ils sont également la cause de plusieurs accidents. En France, on recense chaque année plus de 8000 accidents avec arrêt, près de 800 accidents avec incapacité permanente, 13 décès et des coûts directs estimés à 45 millions d'euros. Au Québec, entre 1995 et 2000, on enregistre 4 142 cas d'indemnisation liés à un accident de chariot élévateur totalisant des débours de plus de 16 millions de dollars.
L’analyse ergonomique réalisée avec cinquante caristes (38 expérimentés et 12 novices) sur trois terrains (expédition et réception d’une papetière, et une cour à bois) a été effectuée grâce à l’observation instrumentée de l’activité des caristes (différents capteurs sur le chariot et plusieurs caméras vidéo) et à des entretiens effectués avec différents acteurs de la situation. Les observations ont porté sur les modes opératoires, les postures et la position des mains du cariste sur les leviers. Une analyse de la prise d’information visuelle (PIV) durant la conduite (port d’un oculomètre) a été effectuée pour documenter l’endroit où ils portent leur regard. Une analyse des traces a été faite pour comprendre l’influence des contraintes temporelles. Des entretiens dirigés et d’autoconfrontation ont été menés pour mieux comprendre les contraintes, la PIV, la gestion des risques liés à la tâche et les stratégies développées pour réaliser le travail. Les chariots élévateurs à contrepoids de 2 à 6 tonnes ont été choisis, car ils sont impliqués dans 65 % des accidents graves et mortels.
Pour télécharger le document : http://www.irsst.qc.ca/files/documents/PubIRSST/R-601.pdf