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Les leçons de la crise de la grippe A (H1N1)

Classé dans la catégorie : Général

Ce qu’elle nous a appris sur les Français, la gestion des crises et le principe de précaution.

La surévaluation du risque représenté par la grippe A (H1N1) et l’échec de la campagne de vaccination de la population nous en apprennent beaucoup sur la façon dont nos contemporains réagissent face aux risques. Un certain nombre d’enseignements peuvent en être tirés. Ils ne sont pas sans intérêt pour les experts de la prévention des risques professionnels en entreprise.

1. Aucun dispositif de prévention ne fonctionne sans adhésion des intéressés

Techniquement, le dispositif de vaccination prévu par les pouvoirs publics était parfait. Il était de nature à permettre une couverture optimale de la population.Mais sans adhésion des administrés il a perdu aussitôt toute efficacité. Comme l’écrit, Frédéric Keck, chercheur au CNRS et spécialiste des crises sanitaires dues aux maladies d’origine animale, “du point de vue de la rationalité des experts, tout a parfaitement fonctionné ; la seule chose qui a manqué, c’est la mobilisation des citoyens”.

C’est là une réalité que connaissent bien les responsables sûreté-sécurité en entreprises. Sans adhésion des salariés aucun règlement de sécurité ne sera effectivement appliqué sur le terrain.

2. Les autorités ne suscitent plus la confiance et ne peuvent dicter les comportements

Pour susciter l’adhésion, il est illusoire de recourir à l’autorité. “ Depuis l’affaire du sang contaminé, dans les années 80, l’opinion craint qu’on lui cache la vérité et se méfie des politiques de santé publique ” souligne avec justesse un éditorial du Monde (13/01/10).Dans ce contexte de défiance, les certitudes assénées par les instances publiques et les experts ne pouvaient que renforcer le sentiment de méfiance. “Nous restons organisés de façon napoléonienne avec l’idée que l’État doit savoir, car sinon ce sera la panique.En réalité, c’est l’inverse, en procédant ainsi, les citoyens croient qu’on cherche à leur imposer la vérité, ils sont méfiants”, explique William Dab, ancien directeur général de la santé (Le Monde, 04/01/10). Un constat partagé par François Ewald, professeur au CNAM : “On ne peut pas gouverner les gens par obligation parce qu’ils décident de ce qu’ils font en fonction de l’information qu’ils reçoivent et de leurs propres jeux de valeurs” (Le Monde 11/01/10).

3. L’adhésion passe par davantage de concertation et d’implication

Dès lors, comment procéder pour obtenir l’adhésion des populations ? Certainement pas par l’unanimisme ! Paradoxalement, “pour adhérer, les gens ont besoin de voir qu’il y a pluralité d’opinions ; la vérité ex cathedra, cela ne fonctionne plus”, souligne Jean-Marie Le Guen, député et spécialiste des questions de santé (Les Échos, 11/01/10). “Le sentiment d’adhésion ne peut venir que d’un processus démocratique. Je pense qu’il a manqué des instances de débat sur les incertitudes”, renchérit William Dab. Même analyse de la part de Frédéric Keck : “Cette campagne a été menée dans un face-à-face entre l’État et l’individu, sans que ce dernier soit aidé par aucun intermédiaire pour prendre une décision.” Encore une leçon transposable au sein de l’entreprise ! Pour obtenir une modification des comportements - par exemple l’abandon des pratiques à risque-, la direction ne doit pas faire cavalier seul. Elle doit, au contraire, faire tout son possible pour obtenir l’adhésion des corps intermédiaires que sont, par exemple, les représentants du personnel. Pour cela, elle ne doit pas craindre de libérer la parole. Le temps passé en concertation n’est pas perdu. Il évitera les blocages et enlisement ultérieurs.

Le principe d’évaluation doit précéder le principe de précaution !

“La grippe a tué le principe de précaution”, estime Martine Perez, rédactrice en chef du service sciences et médecine du Figaro (07/01/10). Principale accusation : il serait responsable du gaspillage induit par la surpréparation française à la pandémie.

“Le principe de précaution est en soi-même excessif. Il commande de donner le plus grand poids au plus petit risque. Il oblige à exagérer la menace”, analyse François Ewald. “Face à un risque hypothétique, la notion de coût, de dépense, démobilisation n’a plus de sens”, renchérit Martine Perez.

Faut-il alors abandonner ce principe à valeur constitutionnelle ? Certes pas !Mais à condition de se souvenir avec William Dab qu’il “impose avant tout une évaluation des risques pour réduire les incertitudes”.Un avis partagé par Didier Tabuteau, conseiller d’État qui plaide, lui pour que le principe de précaution ne soit activé qu’après une solide évaluation scientifique : “ Le principe d’évaluation précède l’obligation de précaution.”

Ici aussi, la remarque vaut pour l’entreprise où toute politique de prévention doit être précédée d’une évaluation rigoureuse des risques notamment via l’élaboration d’un document unique.

Auteur : altersécurité infos

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