En 1997, l'interdiction de l'amiante a permis de prévenir les risques d'exposition liés à la fabrication, à l'utilisation et à la pose de produits amiantés. Mais l'amiante est encore présent dans de nombreux bâtiments, machines et véhicules anciens et il demeure une menace réelle pour la santé des travailleurs. Il s'agit aujourd'hui de prévenir l'exposition accidentelle des salariés à ce matériau hautement toxique. La bonne maîtrise des risques repose en premier lieu sur la qualité du repérage des matériaux amiantifères.
À la fois bon marché, souple, résistant au feu, aux agressions chimiques et aux contraintes mécaniques, l'amiante a longtemps été considéré comme un matériau miraculeux. Ses propriétés exceptionnelles ont été largement mises à profit. On recense au total plus de 3 000 utilisations industrielles. Il aura malheureusement fallu de nombreuses années pour que l'on prenne la réelle mesure de la dangerosité de l'amiante, et en particulier de son potentiel cancérigène. Entre-temps, plusieurs générations de travailleurs ont été exposées aux fibres toxiques. Avec des conséquences sanitaires catastrophiques. Selon certaines projections, d'ici à 2025, les cancers dus à l'amiante pourraient être à l'origine de 50 000 à 100 000 décès. Les cancers de l'amiante que l'on observe aujourd'hui résultent d'expositions anciennes, remontant parfois à plus de 40 ans. Il est à présent essentiel de prévenir l'apparition de nouveaux cas de cancers. Car, malgré l'interdiction de l'amiante, les risques demeurent.
Une menace persistante
L'amiante est encore présent dans l'environnement de travail. Les bâtiments construits avant l'interdiction renferment de nombreux matériaux susceptibles de contenir de l'amiante : dalles de sol, colles de faïence, plâtres, enduits de façade, mastics, faux plafonds, flocages, ciment, plaques cartonnées ou conduites d'évacuation des eaux... On en retrouve également dans les machines ou les véhicules anciens. Toute intervention sur ces matériaux, lors d'opérations de maintenance courante, de chantiers de réhabilitation ou de démolition, peut entraîner l'exposition des salariés à ces fibres. Le risque dépend en outre de l'état de conservation des matériaux. Les fibres sont en effet généralement liées dans une matrice qui empêche leur dispersion. En vieillissant, les matériaux s'altèrent et les liants se désagrègent. Un simple courant d'air ! peut alors suffire à disperser les fibres dans l'air. Les ouvriers du second œuvre du bâtiment (électriciens, peintres, plombiers...), ceux de la maintenance et les salariés intervenant dans le traitement des déchets forment la population la plus exposée. Mais le risque concerne également les usagers des locaux en cours de travaux et les personnes résidant à proximité des chantiers.
Repérage : le maillon faible
En matière de prévention, la principale clé réside dans le repérage des matériaux dangereux avant intervention. Malheureusement, celui-ci constitue actuellement le maillon faible de la chaîne de traitement de l'amiante en place. Une campagne de contrôle réalisée dans le département de la Manche, par l'Inspection du travail, a montré que 70 à 80 % des repérages sont insuffisants. Si le diagnostic n'est pas correctement posé, les mesures de protection nécessaires ne sont pas mises en œuvre et les salariés, sans le savoir, sont exposés à un risque majeur. Le constat est d'autant plus regrettable que l'on dispose aujourd'hui de méthodes efficaces pour intervenir en sécurité sur des matériaux contenant de l'amiante : signalement et confinement des zones à risques, travail à l'humide pour éviter la mise en suspension des fibres, utilisation préférentielle d'outils manuels, port d'équipements de protection individuelle (EPI), mise en place de procédures de décontamination et de gestion des déchets...
Des lacunes préoccupantes
Les propriétaires d'immeubles sont tenus d'établir un diagnostic technique amiante (DTA). Cet examen, réalisé par des opérateurs certifiés, consiste à dresser l'inventaire des matériaux contenant de l'amiante, en s'appuyant notamment sur la liste définie par le Code de la santé publique. Mais la réglementation qui encadre la réalisation du DTA présente certaines lacunes. Premier point critique, le repérage ne porte que sur la surface visible des matériaux. Or, l'amiante peut être présent en profondeur. Les sondages destructifs avant travaux, seule façon de mettre en évidence la présence d'amiante caché dans certains ouvrages, sont rarement pratiqués. La norme NF X 46-020, qui constitue la référence en matière de repérage amiante, n'est pas obligatoire et est donc peu mise en application. Par ailleurs, il n'existe aujourd'hui aucun référentiel permettant d'évaluer le niveau de dégradation des matériaux. Ce paramètre, pourtant déterminant dans l'analyse des risques, reste éminemment subjectif. Enfin, l'expérience montre que peu d'opérateurs possèdent réellement l'expertise nécessaire à la réalisation des repérages et à l'élaboration d'un DTA de qualité. Des chantiers de réhabilitation sont d'ailleurs régulièrement interrompus par l'Inspection du travail pour risque de mise en danger d'autrui à la suite d'un repérage amiante incomplet.
Maîtriser les risques
Si la réalisation du repérage figure parmi les missions du maître d'ouvrage, en cas d'insuffisance, la responsabilité de l'entreprise intervenante peut également être engagée. Tout employeur est en effet tenu à l'obligation légale d'évaluer les risques au poste de travail. Pour les entreprises intervenantes, la première mesure de prévention est d'exiger le DTA avant l'intervention. Elles doivent cependant avoir conscience des limites de ce document. Il est indispensable que les responsables techniques de chantier soient formés sur le risque amiante. Ils pourront ainsi passer les marchés en bonne connaissance de la situation et des conditions de travail et prendre les mesures adaptées aux risques identifiés. En cas de doute, il ne faut pas hésiter à faire procéder à un diagnostic approfondi incluant notamment des sondages destructifs des matériaux. Si la présence d'amiante est avérée, des moyens techniques et organisationnels doivent être mis en œuvre pour protéger les salariés et leur environnement. Cela inclut notamment la formation spécifique des personnes amenées à intervenir. Si du matériel suspect est détecté en cours de chantier, les salariés peuvent mettre en application leur droit de retrait et alerter les responsables qui doivent alors faire intervenir une entreprise certifiée pour le retrait d'amiante. Pour les donneurs d'ordre, il est essentiel de bien choisir l'opérateur chargé du repérage. L'expertise a un coût, mais celui-ci doit être mis en regard des frais potentiels (arrêt de chantier, amendes, indemnisations...) occasionnés par un mauvais repérage.
- Dossier : "Amiante l'essentiel"
- Site web : "Tout savoir sur l'amiante"
- Article : "Repérage amiante : le maillon faible"
- Article : "Insuffisance des repérages amiante"
André FABRE, Président de l'ADEVA-NC le :
c'est toujours le même refrain ! la problématique de l'amiante naturel environnemental est ignorée. Il est évident que le C.P.A. de triste mémoire a été remplacé par le lobby des entreprises de terrassement et de l'industrie extractive du minerai de nickel serpentineux.
Nous avons, en Nouvelle-Calédonie ( 240.000 habitants ) 30 morts chaque année et, au moins une centaine de nouveaux cas d'insuffisants respiratoires.
L'ADEVA-NC tient à la disposition des intéressés un dossier édifiant sur le sujet.
Un exemple parmi tant d'autre : Le représentant de l'Etat spécifie par arrêté en 1994, dans la liste des travaux nécessitant une surveillance médicale spéciale " les travaux exposant aux poussières de silice, d'amiante et d'ardoise A L'EXCLUSION DES MINES, MINIERES ET CARRIERES". Malgré nos interventions, ce texte est toujours d'actualité !