Sans faire injure aux spécialistes des risques "traditionnels" en entreprise (risques incendie, chimique, électrique, etc...) les risques psychosociaux se caractérisent par une grande complexité. La première raison est que ces risques sont très souvent multi-factoriels. Les conditions de travail, l'organisation du travail, la culture de l'entreprise, l'historique des relations sociales, la démographie de l'entreprise, son secteur d'activité, sa santé financière et bien d'autres facteurs sont autant de déterminants possibles, sans compter que ces derniers varient d'une entreprise à l'autre. La prévention est également rendue difficile en raison des jeux de pouvoirs qui règnent dans les entreprises et qui rendent les interventions difficiles. Bien souvent, les différents acteurs (DG, DRH membres du CE, DP, managers, etc.) ont chacun leur agenda !
Malgré toutes ces difficultés, il m'apparaît aujourd'hui que la partie technique et opérationnelle de l'intervention de prévention des RPS est loin d'être la plus ardue. Car la difficulté première de la prévention du stress et des RPS ce n'est pas la prévention ! Les principales difficultés se trouvent en amont de l'intervention. Il s'agit d'une part de convaincre les décideurs d'investir dans la prévention et d'autre part de les aider à acquérir les connaissances élémentaires pour pouvoir se débarrasser des idées reçues qui gèlent ou entravent les processus.
Les
décideurs sont des pragmatiques qui ont besoin d'éléments factuels pour
agir. Il faut donc leur proposer des analyses de coût, de ROI, des
tableaux de bords, des indicateurs de suivi. Ceci n'est en rien
irréalisable.
Le second problème semble plus délicat. Comment en effet briser le tabou du stress lorsque ce dernier est en partie entretenu par l'ignorance, certes involontaire, des gestionnaires ? Ce n'est pas le corpus théorique qui est en cause. Il existe et de nombreux chercheurs dans le monde entier ont démonté les mécanismes du stress. Le problème est que de nombreux décideurs, n'ont pas été sensibilisé et formé aux bases de la prévention. Cette méconnaissance favorise l'inaction et, ou la polémique quand chacun croit détenir la vérité et conteste celle de l'autre. Il faut donc faire de la vulgarisation scientifique pour mettre les gestionnaires en capacité d'engager des efforts de prévention nécessaires. La bonne nouvelle est que ceci est également tout à fait réalisable.
Auteur : Guillaume Pertinant
Consultant et formateur, Guillaume Pertinant (www.havasu.fr)
est passionné par les problématiques de l'audit et du management social
en entreprise. Son sujet de prédilection est l'accompagnement de
projets d'amélioration des conditions de travail. Il s'intéresse en
particulier à la prévention du stress, de l'absentéisme et de la
démotivation ainsi qu'au chiffrage de leurs coûts économiques pour
l'entreprise.
Avant sa carrière de consultant, Guillaume Pertinant a travaillé en
France et aux Etats Unis en qualité de chef de projet R&D puis de
responsable marketing.
Guillaume est ingénieur Télécom, titulaire d’un MBA, coach professionnel
certifié et formé à l'accompagnement de projets d'amélioration des
conditions de travail à l'ANACT.
Il anime le blog "un ingénieur chez les DRH"