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Les travailleurs expérimentés donnent le ton aux nouveaux

Classé dans la catégorie : Général

L'IRSST aborde la question de la transmission des savoirs de métier dans les mines, alors que de nombreux travailleurs expérimentés partent à la retraite. Le transfert des connaissances est à l'honneur alors que deux articles sont issus de colloques organisés par l'Institut : l'un sur des résultats de recherche et des solutions en santé psychologique ; l'autre sur l'état de la recherche en matière de manutention manuelle.

Faute de boulot, plusieurs travailleurs des ressources naturelles doivent se réorienter, alors que l’industrie minière du Québec est en pleine effervescence. Les multiples projets en développement et le démarrage de nouvelles mines sont à l’origine d’une importante augmentation du nombre d’emplois à combler. Cette réalité, conjuguée aux nombreux départs à la retraite de travailleurs expérimentés, pose un défi de taille, tant du point de vue du recrutement que de celui de la santé et de la sécurité du travail.

Jean Drolet, directeur général de l’Association paritaire pour la santé et la sécurité du secteur minier (ASPM), explique : « Les mines se trouvent dans des régions éloignées où le bassin de travailleurs est moins important que dans les grandes villes. De plus, il y a un déclin de la population active dans les régions minières. Sur la Côte-Nord, on parle déjà d’une baisse de 12 %. En Abitibi-Témiscamingue, ce déclin s’est amorcé cette année. Autre facteur, les travailleurs miniers sont, en moyenne, plus âgés que ceux des autres secteurs d’activité. Par exemple, en 2006, 41 % de la main-d’oeuvre québécoise était âgée de plus de 45 ans, tandis que cette proportion passait à 49 % chez les employés des mines. »

L’industrie minière recrute donc et engage des gens issus d’horizons très différents : travailleurs provenant d’autres secteurs d’activité, jeunes, femmes, autochtones, immigrants. Pour mieux comprendre les conditions d’intégration de cette nouvelle main-d’oeuvre diversifiée et peu expérimentée ainsi que les enjeux qu’elle pose, une équipe de chercheurs, codirigée par Sylvie Ouellet et Élise Ledoux, de l’IRSST, et Pierre-Sébastien Fournier, de l’Université Laval, s’est rendue dans deux mines, l’une à ciel ouvert et l’autre souterraine.

Sylvie Ouellet explique : « L’intégration des nouveaux travailleurs est une préoccupation plutôt récente dans l’industrie. On sent qu’il y a une certaine urgence à agir avant que les savoirs de métier se perdent avec le départ à la retraite des travailleurs expérimentés. Dans certains cas, les travailleurs qui forment les nouveaux venus ne possèdent eux-mêmes qu’une seule année d’expérience.

Les risques du métier

Sous la terre, l’environnement comporte des obstacles et la nature des activités, son lot d’aléas, même si, au Québec, beaucoup de chemin a été parcouru en matière de contrôle des risques. Les travailleurs sont exposés notamment à de la poussière, à des vibrations et à du bruit, et ce, dans un milieu humide. À cela s’ajoutent la menace de chutes de pierres et les postures contraignantes. Dans une étude réalisée en Ontario, les opérateurs de machinerie lourde ont rapporté un manque de visibilité associé à certains éléments de ces engins.

Des études antérieures ont démontré que le personnel expérimenté acquiert un savoir de métier, c’est-à-dire des trucs et des stratégies permettant de mieux faire face aux contraintes du travail et ainsi, de réduire les risques d’accidents. « Dans une perspective de prévention, il faut s’assurer dès le départ de transmettre de bonnes façons de faire aux nouveaux travailleurs », résume Jean Drolet.

L’équipe de recherche a identifié trois facteurs qui influencent l’intégration sécuritaire et compétente des nouveaux travailleurs miniers : le processus d’accueil, les conditions de travail et la transmission des savoirs de métier. « Une méthode fréquemment utilisée est le compagnonnage entre travailleurs expérimentés et nouveaux. Nous avons constaté que le succès de cette façon de faire est lié aux conditions dans lesquelles s’effectue la transmission des savoirs. » À titre d’exemples, la chercheure cite le nombre de tâches que l’employé doit apprendre et le temps dont il dispose pour le faire, notamment pour des raisons de production ; la reconnaissance du rôle de compagnon et des travailleurs expérimentés qui ne sont pas formellement désignés comme tels est tout aussi importante ; la cadence et le rythme du travail doivent permettre les échanges entre les travailleurs nouveaux et expérimentés.

Si le mineur expérimenté doit maintenir sa production habituelle en plus d’accompagner le nouvel employé, on lui ajoute une pression supplémentaire. « On a également remarqué qu’il n’est pas toujours facile pour les travailleurs expérimentés de verbaliser leurs acquis, car, souvent, ces savoirs sont devenus inconscients », explique Sylvie Ouellet. Une fois ces connaissances identifiées, il faut veiller à en garder des traces afin qu’elles puissent continuer à être transmises. Déjà, l’étude exploratoire a permis de cerner certains facteurs qui peuvent être plus ou moins favorables à l’intégration compétente et sécuritaire des nouveaux travailleurs.

Par ailleurs, dans ce secteur, les différents acteurs ont intégré depuis longtemps des habitudes de prise en charge de mesures de prévention. Le haut niveau de risque qui le caractérise favorise la concertation. Jean Drolet constate pour sa part le succès de plusieurs initiatives, telles que l’implantation d’une formation modulaire en 1995 et celle d’une politique de « tolérance zéro » pour améliorer la sécurité des travailleurs miniers. « La prise en charge des comités de SST y est aussi pour beaucoup », précise-t-il. Ce sont là des avancées importantes. Et la prévention demeure la meilleure arme pour conserver ces acquis.

Une analyse approfondie des conditions d’intégration dans d’autres entreprises, en cours actuellement, aidera à mieux comprendre l’effet des divers facteurs à cet égard. L’équipe de l’IRSST mène actuellement une recherche dans cinq entreprises minières pour documenter le processus d’intégration des nouvelles recrues et pour analyser le travail de certains d’entre eux, notamment dans des situations de compagnonnage. « L’objectif final est d’identifier des façons de mieux intégrer les nouveaux travailleurs et de fournir aux entreprises des outils qui leur permettront de développer leurs propres repères pour les aider dans la mise en place des conditions favorables à cette intégration. ».

Lire le sujet dans son intégralité.

Auteur : Anita Rowan dans le magazine Prévention au travail de l'IRSST.

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