Les troubles mentaux ont un très lourd coût économique et social pour les pays membres de l’OCDE selon un rapport publié voici quelques semaines.
Chute globale de productivité
En effet, “le taux d’emploi des personnes atteintes d’un trouble mental pour un pays moyen de l’OCDE est compris entre 55 et 70 %, soit 10 à 15 points de pourcentage de moins que celui des personnes en bonne santé”, soulignent les experts. Et de préciser que cela induit “une perte énorme pour l’économie, ainsi que pour les individus concernés et leurs familles”.
D’autant que les conséquences négatives frappent aussi les personnes malades en activité. En effet, “les travailleurs atteints de troubles mentaux sont absents de leur travail pour raisons de santé plus souvent que les autres (32 % contre 19 %) et leur absence dure plus longtemps (6 jours contre 4,8)”. Enfin, lorsqu'elles travaillent, ces personnes voient toutefois leur productivité affectée : “74 % de l’ensemble des travailleurs souffrant de troubles mentaux ont vu leur productivité baisser au cours des quatre dernières semaines, contre seulement 26 % pour les travailleurs en bonne santé”.
Un problème de santé publique
Autant de données qui incitent à prendre le problème à bras-le-corps. Le rapport insiste sur la nécessité d'améliorer le traitement et le suivi des malades. “Un traitement adéquat augmente les chances de conserver ou de retrouver un emploi”. Or, c’est loin d'être le cas : selon l’OCDE, “près de 50 % des personnes atteintes de troubles mentaux graves et plus de 70 % de celles qui présentent un trouble modéré ne bénéficient d’aucun traitement par rapport à leur pathologie”.
Autre observation cruciale : plus la maladie est décelée précocement, plus le traitement est efficace. Les auteurs plaident ainsi pour une meilleure information des acteurs extérieurs aux systèmes de santé mentale : “autorités scolaires, médecins généralistes, agents des services d’emploi” mais aussi “personnel d'encadrement”. Pour le dire autrement : le problème exige une sensibilisation et une mobilisation de tous.
Pour des entreprises engagées
Les employeurs devraient ainsi former leur personnel à déceler les troubles mineurs qui constituent l'immense majorité des cas. Certains signaux, comme par exemple l'absentéisme à répétition, peuvent en effet éveiller l'attention et permettre un traitement plus précoce. Mais l'engagement des entreprises ne peut se limiter à cela. Comme on le sait, elles ont l’obligation de “préserver la santé physique et mentale” de leurs salariés et doivent donc aussi renforcer la prévention des troubles psychosociaux de façon à éviter autant que possible qu’ils ne surviennent. Les experts soulignent ainsi que “des emplois de qualité, de bonnes conditions de travail et, en particulier, un encadrement avisé jouent un rôle essentiel”. Une observation qui souligne combien il est fondamental que les entreprises prêtent attention aux troubles mentaux dans leur politique de prévention et notamment dans leur document unique d’évaluation des risques.
Pour aller plus loin : “Mal-être au travail ? Mythes et réalités sur la santé mentale et l’emploi”, note de synthèse sur les points essentiels de l’étude de l’OCDE sur la santé mentale et le travail, librement téléchargeable sur www.oecd.org/dataoecd/18/0/49227202.pdf.
Auteur : La rédaction de Point Org Sécurité