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Prévention dans le BTP : "En quinze ans, rien n'a vraiment changé !"

Classé dans la catégorie : Risques dans les bâtiments

Les rencontres annuelles du Synamap, qui se sont tenues vendredi 8 juin, étaient placées sous le signe du BTP. La première table-ronde était consacrée à la prévention, ses acteurs et ses évolutions. Un tableau mitigé dressé par les trois intervenants qui, bien que constatant des progrès, soulignent la lenteur de ceux-ci et le besoin criant d'information et de formation.

Au coeur de la prévention des risques dans le secteur du BTP, on retrouve aujourd'hui la fonction de coordonnateur de sécurité et de protection de la santé (SPS) pour les chantiers importants. Une fonction créée il y a maintenant 15 ans et qui restent pourtant floue et mal utilisée pour beaucoup expliquent les témoins invités par le Synamap.

Coordonnateur SPS, une fonction qui stagne

Ainsi, Jean-Luc Bétard, coordonnateur SPS chez Coregi, témoigne et dresse un tableau assez sombre de l'évolution de cette fonction :"depuis 15 ans que les coordonnateurs sont obligatoires, rien n'a vraiment changé. Les maîtres d'ouvrage continuent de prendre quelqu'un de leur entourage pour assurer la fonction (architecte, bureau de contrôle). Parmi ceux-ci peu ont suivi des formations et la plupart ont continué à officier en tant que coordonnateur en plus de leurs autres tâches." Des propos que confirme Jean-Luc Ellard, responsable prévention à Eiffage Construction Normandie-Centre "C'est une des plus belles innovations dans nos métiers, mais on ne la retrouve pas sur les chantiers".

Comment améliorer la situation ?

Pour le coordonnateur, l'amélioration de cette situation passe par la formation et l'information, non seulement des professionnels du bâtiment eux-mêmes et ce à tous les niveaux : du CAP aux formations QSE - dont certaines laisse à la sécurité une portion trop congrue - mais aussi une formation et information des maîtres d'ouvrages afin qu'ils se sentent plus concernés et s'impliquent plus dans la prévention des risques. Un avis, encore une fois partagé par Jean-Luc Ellard qui souligne la différence entre un chantier de travaux publics et un chantier pour un industriel.

Quelle différence BTP / Industrie ?

Même si la comparaison en terme de taux de fréquence des accidents exaspère le représentant d'Eiffage, il reconnaît les avantages des industries. "Trop comparer les taux de fréquence n'est pas pertinent entre ces deux secteurs - cela nous pose en mauvais élève d'emblée et masque les réalités, notamment les progrès réalisés qui peuvent se lire dans les taux de gravité par exemple. Cependant, il faut reconnaître que lorsque l'on travaille pour un industriel, l'implication du client est réel : les compagnons sont accueillis, on leur présente le site, les risques et l'on bénéficie de l'appui d'animateur prévention alors que sur d'autres chantiers cela ne se fait pas et c'est à nous de tout assumer. C'est un modèle qui nous guide mais la comparaison s'arrête là. Notre activité a pour particularité qu'on ne fait que des prototypes, on ne peut jamais faire de copié-collé et l'avancement du chantier rend l'environnement de travail et donc les méthodes à remettre en cause la sécurité tous les jours. C'est beaucoup plus complexe."

Des progrès nets, des efforts partout

Le secteur malgré des chiffres d'accidentologie encore deux fois supérieurs aux autres secteurs d'activité a malgré tout fait des progrès. Patrick Richard, directeur technique de l'OPPBTP explique ainsi qu'outre les grands groupes qui développent des services prévention plus poussé, il faut aussi réussir à toucher les PME-TPE qui représentent 85% des 480 000 entreprises du BTP. A cet effet, il rappelle que de nombreux outils ont été développés : le DU pour tous par exemple. "Initié avec la CAPEB depuis 2009, il consiste en un accompagnement des artisans. Un conseiller prévention visite un chantier pendant 2h et note 3 points positifs et trois négatifs. Ensuite deux courtes réunions avec d'autres professionnels du même corps de métier permet de partager les expériences et de monter les premières actions de prévention et un document unique synthétique. Trois mille entreprises sont ainsi vues chaque année." De nombreuses autres actions sont ainsi organisées avec les artisans et petit à petit la culture du risque et de la prévention s'installe.

L'OPPBTP va se repositionner et prépare un tout nouveau portail

Patrick Richard explique que dans le cadre du plan Horizon 2015 adopté par l'OPPBTP deux changements vont être opérés. Le premier, visible dès la rentrée consiste en un tout nouveau portail internet : il sera construit autour de 10 univers métiers et sera personnalisable par métier et par région. L'espace personnalisable pourra aider l'artisan à préparer son chantier, gérer ses risques, l'alerter des nouveautés de son métier. Le nouveau portail se veut pratique et cibler. Dans un autre ordre d'idée et devant le constat que les 150 conseillers de l'OPPBTP sont bien insuffisants pour couvrir l'ensemble des entreprises, il a été décidé de démultiplier l'offre de prévention via des partenariats. L'OPP se placerait dès lors plus en amont de l'entreprise qui serait touché via des partenariats multiplies : médecine du travail, Carsat, distributeurs...

Optimisme ?

Globalement, les trois intervenants le sont. Il n'y a pas de raison que le BTP ne suivent pas l'évolution générale de la société. "La culture sécurité progresse partout. On n'a plus besoin de lutter pour le port du casque ou des chaussures, ce qui n'était pas le cas avant. Il n'y a pas de raison que les progrès s'arrêtent là. Mais il ne faut pas se voiler la face, il faudra du temps. Parce que les salariés ne sont pas informés, les chantiers bougent tout le temps, tout est toujours à recommencer et que le BTP", explique Jean-Luc Ellard. Et le coordonnateur d'ajouter : "Les outils sont là, mais il est sûr que pour le moment, une grande partie des professionnels ne sont pas prêts et n'ont pas le temps de se pencher sur cette question. Dans les chambres de commerce, on les forme à créer leur entreprise à sa gestion administrative et financière mais peu de chose par rapport aux risques de leur activité. Et c'est dommage. Beaucoup d'entrepreneur plonge après un accident du travail. Il faut vraiment les aider à accéder à l'information."

 

Auteur : Par Sophie Hoguin , actuEL-HSE.

 
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