Fidèle à son ambition qui est de faire reculer le nombre d’accidents du travail, sources de drames humains et économiques, le SYNAMAP a choisi de consacrer cet évènement annuel aux problématiques de santé et de sécurité dans le secteur du bâtiment et des travaux publics.
De fait, le BTP est le secteur d'activité qui présente le plus haut niveau de risques et qui déplore le plus grand nombre de décès.
Le nombre d'accidents du travail et de maladies professionnelles du BTP est deux fois plus élevé que la moyenne nationale.
Le milieu du BTP reste donc affecté par une sinistralité plus élevée que dans les autres secteurs industriels, en dépit des efforts de l'ensemble des acteurs de la profession et de leur implication réelle dans la mise en place d’actions de prévention actives et dans le rappel permanent de la nécessité d'avoir une protection adaptée à son métier et aux risques qui y sont associés.
S'il est vrai que la culture de la sécurité est bien implantée dans les grandes entreprises, elle l'est beaucoup moins dans les petites entreprises. Or 98% des entreprises du bâtiment ont moins de 20 salariés.
Protection des salariés du BTP : entre réalité et objectifs
Florent Richecoeur (Directeur France Benelux Mapa Spontex), Diane Galison (Responsable produits Mapa Spontex), Eric Durand (Directeur Général du pôle gros oeuvre à la FFB) et Jean-Luc Rassaert (Gérant de l’entreprise de couverture Rassaert) ont témoignés de leurs actions et de leurs efforts pour optimiser la prévention, améliorer la sécurité et résoudre les problématiques de santé et de sécurité au travail dans le BTP.
Les métiers du BTP sont extrêmement diversifiés et les problématiques de sécurité sont complexes et propres à chacun de ces métiers. Une difficulté que les fabricants d’équipements de protection individuelle connaissent bien, mais surmontent en adaptant leur offre produits aux besoins des utilisateurs finaux. En effet, Florent Richecoeur, Directeur France Benelux Mapa Spontex, indique que "ce qui est important pour un fabricant, c’est d’être proche de ses clients et de connaitre leurs métiers, indispensables pour générer de l’innovation et des produits adaptés à leurs besoins". Rappelons que la main est la première partie du corps exposée aux accidents et que chaque métier requiert une protection particulière. Un maçon n’aura pas le même besoin qu’un soudeur. Mapa a donc créé une codification couleur pour ses produits et un document d’aide à été réalisé pour permettre aux clients de trouver facilement le produit adapté à leurs besoins et en fonction de leurs métiers. Toutefois, "le gant idéal n’existe pas dans le BTP. Les types d’utilisations sont multiples et il faut donc trouver le meilleur compromis entre la protection, le confort et le coût. Car un EPI efficace est un EPI porté !" Il est certain qu’un EPI protège un salarié de façon optimale seulement s’il est rigoureusement porté.
Pour encourager le port d’EPI, les fabricants innovent sans cesse et proposent des outils simples d’aide à l’utilisation. Mapa en est l’exemple, avec une forte implication dans la recherche et une vraie prise de conscience de l’importance de connaître les problématiques des utilisateurs finaux. "Des tests sont réalisés auprès d’un panel d’utilisateurs pour avoir un produit idéal, adapté à un métier spécifique. Des déplacements sur le terrain sont effectués pour comprendre, de façon très objective, les besoins des ouvriers et les forces de vente ont des formations continues sur la compréhension des besoins clients. En plus des tests obligatoires, nos techniciens développent des nouveaux tests pour aller plus loin dans la qualité" explique Diane Galison, Responsable produits Mapa Spontex. Les fabricants d’EPI investissent activement dans la recherche et l’innovation pour proposer des produits plus performants et mieux adaptés aux besoins des utilisateurs et améliorent ainsi la sécurité.
Pour garantir la sécurité des travailleurs du BTP, les acteurs tels que l’OPPBTP, la FFB4 et certaines entreprises s’engagent quotidiennement dans la prévention des risques. C’est le cas de l’OPPBTP, de la FFB et de certaines entreprises.
Jean-Luc Rassaert, Gérant de l’entreprise de couverture Rassaert, explique que "toute zone de travail présente des risques. Il faut toujours être attentif. On a une approche globale de la sécurité par l’évaluation des risques" et ajoute que "l’implication des salariés dans l’évaluation des risques est très importante". En intégrant ses salariés dans le processus de gestion des risques, ce chef d’entreprise optimise la sécurité sur ses chantiers avec une meilleure expertise. Car un ouvrier informé et impliqué est un ouvrier mieux protégé !
Quant aux organisations professionnelles, comme la FFB, leurs actions sont reconnues dans la profession. D’après Jean-Luc Rassaert, "l’OPPBTP est un instrument de façonnage et d’approche de la sécurité extraordinaire qui m’a permis de progresser".
En décembre dernier, l’OPPBTP a signé des accords quadripartites avec le ministère du travail, les services de santé du BTP et la CNAMTS, qui vont permettre de mieux organiser d’une manière nationale, tous les partenariats qui existent localement.
"L’OPPBTP fait un travail de fond qui devrait changer profondément l’organisation de la prévention et permettra d’avoir une continuité du contact sur le terrain. Il faut mobiliser toutes les ressources" indique Patrick Richard.
Pour l’ensemble des intervenants présents, sensibiliser les jeunes à la prévention est une nécessité !
"Si on donne aux jeunes des produits de qualité et confortables en formation, ils seront demandeurs lorsqu’ils seront en entreprise" indique Eric Durand, Directeur Général du pôle gros oeuvre à la FFB. Jean-Luc Rassaert ajoute que "les jeunes en sortant de leur formation savent très bien exercer leur métier mais n’ont jamais touché un échafaudage ou un EPI. C’est dramatique. Or on ne peut être un bon couvreur que lorsqu’on travaille en sécurité. Comment peut-on donner un CAP à un jeune sans jamais avoir appris à manipuler un EPI ou n’avoir jamais eu d’approche de la sécurité ?" Or ce problème semble toucher toutes les formations, pas seulement celle de couvreur.
Il serait donc temps que le ministère de l’éducation nationale prenne en compte la problématique de sécurité et forme les jeunes, en cycles techniques (CAP, BP, …), à la prévention des risques professionnels et à la réglementation en matière de protection collective et individuelle.
Mais, concrètement, les salariés sont-ils bien équipés sur le terrain ? C’est un des points importants qui a été soulevé lors de ces rencontres.
Sur certains chantiers, il est assez fréquent de voir des salariés qui ne portent pas d’EPI. "Les chefs d’entreprises expliquent qu’ils n’arrivent pas à trouver des équipements adaptés à leurs besoins" indique Eric Durand. Les distributeurs d’EPI sont tenus pour responsables de cette situation, alors que les enseignes spécialisées mettent tout en oeuvre pour permettre aux petites entreprises d’acquérir facilement les produits dont elles ont besoin et, surtout, mettent en place des outils d’aide et de conseil.
Selon Florent Richecoeur, "il est plus facile pour les grands groupes qui ont des services achats et prévention de s’équiper en protection individuelle que pour les TPE et PME". Matthieu Dumel de la société Mabéo Industries (distributeur EPI), ajoute "qu’il existe des distributeurs spécialisés en EPI, mais qu’ils sont mal identifiés par les petites entités". De plus, l’isolement de certains chantiers rend l’accès aux EPI plus difficile et les petites entités ont pour habitude d’acheter leurs EPI en même temps que leurs matériaux de construction. Or ces enseignes ne sont pas en mesure d’apporter un conseil pointu sur les EPI adaptés aux différents types de métiers. Matthieu Dumel explique que "les distributeurs spécialisés proposent des outils d’accès pour faciliter l’accès aux produits, comme la vente en ligne, permettant aux petites entreprises de se réapprovisionner sans perte de temps. Il mettent également en place une organisation logistique qui permet de livrer les produits en J+1".
Pour que les salariés soient correctement protégés et pour éviter la notion d’urgence en besoin d’EPI, les chantiers doivent être mieux préparés. A l’évidence, les préventeurs ont encore un gros travail d’information et de sensibilisation à réaliser auprès des TPE et PME.
Car rappelons que l’EPI est un réflexe de vie et non une contrainte !
Auteur : Laure FERRUS, SYNAMAP.