C'est un risque plutôt "traditionnel" sur lequel s'est penché l'INRS (institut national de recherche et de sécurité) en 2013 : d'après son rapport annuel, l'exposition au bruit concernerait 31,9% des salariés, chez qui il provoque fatigue, stress et à terme, surdité. Pour l'institut, il ne s'agissait pas vraiment de réviser les VLE (valeurs limites d'exposition) : il en existe déjà, et ce depuis un certain temps. L'idée était plutôt d'intervenir en amont du problème, en améliorant les "méthodes de diagnostics et de localisation des sources de bruit". Un travail utile dans les openspace par exemple, où les nuisances sonores sont encore mal connues, faute d'indicateurs précis. Avec les données récoltées, l'INRS ambitionne aussi d'attirer l'attention des bureaux d'études sur "l'aménagement sonore des locaux" et les "matériaux acoustiques".
Bruit + solvants = mauvais cocktail
Autre secteur auquel les recherches de l'institut ont été profitables : la réparation mécanique. En effet, dans son rapport annuel, on peut lire que "le dégonflage de pneumatiques [...] peut générer une émission sonore de 110 décibels à un mètre de distance. Or un tel niveau d'exposition est susceptible de provoquer des lésions de l'ouïe irréversibles". Un effet atténué par un outil mis au point par l'INRS, et qui absorbe une partie du bruit grâce à un filtre : Dosil. Dernier objet d'étude important concernant les nuisances sonores : l'exposition combinée des salariés au bruit et à certains solvants aromatiques. De fait, "une oreille exposée à un agent ontotoxique peut se révéler plus vulnérable à une agression sonore". Pour l'heure, les recherches de l'INRS à ce sujet se poursuivent.
Inquiétude autour des nanomatériaux
Beaucoup plus récent que le bruit, le risque représenté par les nanomatériaux était lui aussi l'un des grands objets d'études de l'INRS pour l'année 2013, à tel point que l'institut a ouvert un laboratoire spécialement dédié, en octobre, en Meurthe-et-Moselle. La cause de cet intérêt : leur utilisation croissante dans toutes sortes de secteurs d'activité, et le manque de connaissances sur leurs effets potentiels pour la santé humaine. Pour y remédier, l'INRS a mené des études de toxicité par inhalation – la "principale voie de contamination suspectée en milieu du travail" –, une réflexion autour des équipements de protection collectifs, une mise sous surveillance de salariés exposés aux nanomatériaux et des mesures d'exposition des travailleurs en contact avec des nanomatériaux.
Le risque chimique dans le viseur
Enfin, parce que 38% des travailleurs "déclarent avoir été exposé à au moins un produit chimique", l'INRS a également consacré une grosse partie de son budget annuel à l'étude des risques chimiques, ce qui lui a permis notamment de développer de nouveaux outils de prévention. Un logiciel permettant de "déterminer précisément une fréquence de remplacement" des équipements de protection respiratoire utilisés dans les entreprises lorsqu'il y a exposition à des "risques d'inhalation de polluants", par exemple. En termes d'étude, plusieurs secteurs professionnels ont particulièrement attiré l'attention des chercheurs. Concernant les personnels soignants par exemple, l'INRS a souligné le danger que représente pour leur santé l'exposition aux médicaments cytotoxiques dans le cadre de la chimiothérapie. Deux établissements ont été mis sous surveillance en France, et un début de sensibilisation plus large a été lancé.
Dockers et douaniers exposés
Au sujet des travailleurs exposés au béryllium, comme par exemple lors du recyclage des DEEE (déchets d'équipements électriques et électroniques), l'INRS a dégagé plusieurs méthodes d'évaluation des expositions "qui pourront aider les pouvoirs publics dans la réflexion sur un abaissement de la VLEP". L'exposition à cette substance chimique peut conduire au développement de la bérylliose, une maladie pulmonaire chronique. Quant aux dockers, douaniers et manutentionnaires des plateformes logistiques, ils ont été jugés "potentiellement exposés" par l'INRS dès lors qu'ils sont amenés à manipuler des conteneurs : leur atmosphère peut être polluée par des substances chimiques (voir notre article). Mais plusieurs méthodes d'assainissement de l'air (par dégazage et ventilation) ont déjà été testées et validées pour ce cas de figure.
Moins de budget à l'avenir
En 2013, l'INRS s'est penché, dans une moindre mesure, sur 22 autres thématiques de santé et sécurité au travail. Parmi elles, les allergies professionnelles, les rayonnements ionisants ou encore le risque routier professionnel. Mais l'exercice budgétaire sera plus "tendu" en 2014-2017, estime dans le bilan la présidence de l'institut. C'est en tout cas ce que laisse présager la nouvelle convention d'objectifs et de gestion de la branche AT/MP de la sécurité sociale. Les chercheurs devront donc adopter de "nouvelles façons de travailler" d'ici là.
Documents joints : Le rapport annuel 2013 de l'INRS.
Auteur : Par Claire Branchereau, actuEL-HSE.
Pour découvrir actuEL-HSE.fr gratuitement pendant 2 semaines, cliquez ici.