"On va peut-être enfin parler du travail au ministère du Travail", commentait hier en fin de journée un participant au colloque "santé et itinéraire professionnel" organisé au ministère de la Santé (voir notre article). Le matin, Myriam El Khomri, qui a pris depuis le 2 septembre la relève de François Rebsamen (voir notre article) ouvrait la journée en affirmant vouloir "porter une politique ambitieuse sur les enjeux de santé au travail". Et de reconnaître qu'ils sont "trop souvent, il faut bien se le dire, les parents pauvres des multiples dossiers du ministre du Travail". Pas de grande annonce, c'était trop tôt, mais des déclarations plutôt rassurantes pour les acteurs de la santé au travail, qui ont au moins pu noter qu'elle n'ignore pas les dossiers qu'elle a sur le bureau.
3e plan santé-travail
"Les orientations sont déjà connues, elles ont la particularité d'avoir été longuement discutées par les partenaires sociaux qui les ont adoptées à l'unanimité du Coct", rappelle Myriam El Khomri, pariant sur sa "confiance" au dialogue social, "gage de réussite". Les orientations ont en effet été adoptées en janvier dernier (voir notre article). Depuis, plus grand chose, alors que tout le monde misait sur la fin de l'année. La ministre maintient ce calendrier. Hier, elle demandait en plus aux chercheurs du colloque de faire en sorte que "tous ces travaux puissent nourrir concrètement le PST 3".
Priorité à la prévention
Le prochain plan doit vraiment mettre le paquet sur la prévention primaire. Myriam El Khomri reprend cette position, affirmée comme sa "première conviction", même si, reconnaît-elle, "cela peut sembler de bon sens de le dire". "La réparation est essentielle, lorsque le salarié a été victime d'un environnement de travail qui met en péril sa santé, mais cette approche curative, qui arrive trop tard, quand le mal est déjà fait, doit aller de pair avec une priorité donnée à la prévention."
Syndrome d'épuisement professionnel
Une prévention qu'elle favorisera aussi vraisemblablement sur la question du burn-out. Même après la toute petite avancée glissée dans la loi sur le dialogue social (voir notre article) désormais promulguée, qui laissait envisager de pouvoir peut-être aller plus loin d'ici quelques mois. "L'aspect réparateur est essentiel, mais il nous faut surtout œuvrer pour prévenir ce syndrome. Cela veut dire, concrètement, réfléchir collectivement (pouvoirs publics, employeurs, DRH, organisations syndicales) à l'organisation même du travail qui doit être pensée pour contrer cet épuisement professionnel."
Réforme de la médecine du travail et de l'aptitude
"Pour avancer sur ces sujets, le rôle de la médecine du travail est bien-sûr fondamental. […] Et la réforme de la médecine du travail est nécessaire pour mettre en place un meilleur suivi des salariés", déclare Myriam El Khomri, qui est "convaincue qu'il faut poursuivre la réforme engagée dans le sens des amendements Issindou, qui avaient été soutenus par les partenaires sociaux". Glissée au dernier moment dans la loi sur le Rebsamen suite au rapport du député Michel Issindou (voir notre article), les dispositions n’avaient en effet pu aller au bout du processus législatif à cause de la règle de l’entonnoir lors des débats parlementaires (voir notre article). Elle les reprendra, même si la forme n'est pas encore déterminée – François Rebsamen avait lui aussi promis un "nouveau texte avant la fin de l'année".
Coct et Anact, instances de concertation
La ministre a au passage indiqué qu'elle comptait bien s'appuyer sur "les instances de concertation pour définir les orientations nationales en matière de santé et sécurité au travail. Je sais pouvoir compter sur le Coct, ainsi que sur l'Anact". Le Coct et ses antennes régionales viennent justement d'être renforcés par une inscription dans la loi Rebsamen (voir notre article) et un décret est sorti cet été pour concrétiser la réorganisation de l'articulation de l'Anact avec son réseau régional (voir notre article).
Auteur : Par Élodie Touret, actuEL-HSE.
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