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TMS : l'ordinateur, un coupable trop vite trouvé

Classé dans la catégorie : Risques pour l'Homme au travail

Chez les travailleurs du tertiaire, qui se plaignent fréquemment de douleurs du dos et des articulations des membres supérieurs, le travail sur ordinateur semble responsable. Ce coupable tout trouvé a fait l'objet de recherches et a été disculpé. Les vrais responsables seraient plutôt à chercher du côté de l'organisation du travail.

À écouter les bruits de couloirs, on condamnerait rapidement écrans et ordinateurs pour tous les maux : douleurs aux poignets, aux épaules ou encore dans le cou. Pourtant, une récente étude réfute tout lien entre TMS (troubles musculosquelettiques) et utilisation de l’ordinateur. En passant en revue toutes les précédentes recherches sur la question, elle conclut qu’il n’y a pas d’excès de risque de TMS lorsque l’on travaille sur écran. Ceux qui passent leurs journées devant seraient même moins exposés au syndrome du canal carpien que d'autres populations de travailleurs. "Ce qui ne signifie pas pour autant qu'il faut attribuer des vertus protectrices à ce facteur 'outil informatique'", avertit Alexis Descatha, professeur de médecine du travail à l’unité de santé professionnelle de l’AP-HP et membre d’une équipe de recherche Inserm à l'université de Versailles.

Une étude de 2003 à l’origine des bruits de couloirs

Avec notamment la médecin du travail Zakia Mediouni, Alexis Descatha a participé à cette étude. Les travailleurs intégrés à la cohorte ont été suivis dans le temps. Au départ, aucun ne souffrait de TMS. Les chercheurs ont pris soin de différencier deux indicateurs : ils ont évalué eux-mêmes les expositions, puis observé ceux qui développaient des TMS. "Il est toujours intéressant de distinguer l'exposition de la maladie, car nous savons très bien qu'une personne qui souffre se pense davantage exposée qu'une personne qui n'a pas mal", fait remarquer Alexis Descatha. Leur étude n'est pas la première à infirmer le lien entre travail sur écran et TMS. Aucune n'a cependant autant marqué les esprits qu'une étude de 2003, qui suggérait une augmentation du risque de développer un syndrome du canal carpien lorsque l'on travaille sur ordinateur. "Les conclusions des auteurs n’étaient cependant pas si tranchées", se souvient Alexis Descatha. Pour le grand public, le coupable était juste là, sous nos yeux : l’ordinateur est devenu responsable de la survenue de TMS.

Les conditions de travail, vraies responsables

Mais alors, comment expliquer cette propension à associer aussi vite – et avec le sentiment que c'est une évidence – les douleurs des travailleurs du tertiaire et le travail sur ordinateur ? L'exposition à risque ne serait pas celle que l'on croit (le travail sur ordinateur). Ou du moins, elle serait à analyser de façon combinée. "L'outil informatique n’est pas en lui-même une contrainte", explique Alexis Descatha. Charge de travail importante, stress, problèmes dans l'organisation du travail, contraintes psychosociales ou ergonomiques : autant de facteurs qui vont souvent de pair avec l'utilisation quotidienne d'un ordinateur. Ce sont ce que l'on appelle les facteurs de risques "intermédiaires" et ce seraient eux les "vrais" coupables. Une nouvelle étude, déjà en cours, va tenter de mieux les comprendre, et de mieux en cerner les interactions.

Un travail de prévention à affiner

Pour prévenir les TMS sur la population générale des travailleurs, la cible doit toujours être ceux qui ont un travail manuel, avec des contraintes physiques importantes et des cadences élevées. Ceux-ci "paient un lourd tribut", rappelle Alexis Descatha. Mais il n'oublie pas ceux qui sont au bureau toute la journée et tapotent sur leur clavier durant des heures. Pour ces derniers, "la prévention passe également par la mise en œuvre de meilleures conditions de travail et une recherche plus efficace des véritables causes de l’apparition de la pathologie".

 

 

 

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