La Société française de médecine du travail (SFMT) a publié en mai 2012 des recommandations de bonnes pratiques pour la surveillance médico-professionnelle des travailleurs postés et/ou de nuit. Cette démarche répond à une préoccupation publique d’importance, puisque environ 2 salariés sur 3 ont des horaires dits atypiques. La SFMT rappelle d’autre part que chez la femme le travail posté et/ou de nuit est un facteur de risque probable de cancer du sein.
Le travail de nuit est en constante augmentation, notamment dans l’industrie ou dans l’hôtellerie et la restauration, l’agriculture, la santé, les transports et communications. Le Code du travail impose 2 fois par an une surveillance médicale des travailleurs concernés. Mais la réglementation ne précise pas les modalités de cette surveillance.
Les recommandations de la Société française de médecine du travail (SFMT) établissent donc des bonnes pratiques pour améliorer et harmoniser cette surveillance. Elles bénéficient depuis le 24 mai 2012 du label de la Haute autorité de santé (HAS).
Bonnes pratiques pour la surveillance médicale des travailleurs postés et/ou de nuit
- Interroger spécifiquement les travailleurs sur les perturbations du rythme veille-sommeil (afin de dépister les déficits de sommeil et les troubles de la somnolence au cours de la période d’éveil, en privilégiant l’utilisation de l’échelle de somnolence d’Epworth pour l’évaluation de la somnolence habituelle)
- Faire remplir un agenda de sommeil sur une période correspondant à au moins 2 semaines de travail (lors de la 1re visite médicale puis en fonction d’une plainte éventuelle formulée par le salarié)
- Informer les salariés sur les rythmes biologiques et le maintien d’une bonne hygiène de sommeil
- Informer les femmes exposées des risques éventuels lors de la grossesse (avortements spontanés, accouchements prématurés, retard de croissance intra utérin), en portant une attention particulière à ce qu’elles bénéficient d’un suivi gynécologique régulier
- Rappeler de façon individuelle ou collective les mesures de prévention possibles, notamment les mesures organisationnelles visant à limiter les troubles du sommeil et de la vigilance (fréquence et sens des rotations, durées du travail en poste, choix de l’intensité lumineuse en début et en fin de poste, mise en place de périodes de siestes, prise unique de caféine sous la forme d’un café…)
La SFMT rappelle que, chez la femme, le travail posté et/ou de nuit est :
- un facteur de risque probable de cancer du sein, ne justifiant pas de dépistage spécifique par rapport au dépistage général organisé du cancer du sein,
- un facteur de risque éventuel pour le déroulement de la grossesse (il est recommandé d’éviter le travail de nuit et/ou posté à partir de 12 semaines d’aménorrhée).
Enfin, le travail posté et ou de nuit étant reconnu comme un facteur de pénibilité, le médecin du travail doit établir une fiche d’exposition à ce facteur de pénibilité pour tous les salariés affectés à ce type de travail, afin de permettre la mise en place d’une traçabilité.
La SFMT propose également sur son site Web différents documents téléchargeables destinés à faciliter l’appropriation de ces bonnes pratiques (argumentaire scientifique, fiche de synthèse, support d’information à destination des salariés…).
A lir également : Horaires décalés et travail de nuit, Associer les salariés.
Auteur : INRS.